L’école francophone Océane, située à Nanaimo, compte chaque année plus de 100 élèves inscrits dans ses cours élémentaires et secondaires. Issus de la diversité culturelle, beaucoup n’ont pas le français pour langue maternelle. Malgré ce contexte minoritaire, les activités et programmes proposés par l’école visent entre autres à développer l’usage de la langue de Molière. Un défi sur lequel s’exprime Annie Bedard, directrice de l’établissement depuis 4 ans et également à l’origine de certaines initiatives pédagogiques comme celles liées à l’éducation aux médias.
La Source : Quel est le profil des élèves de votre établissement ?
Anne Bedard : Nous avons des profils variés représentatifs de la diversité culturelle locale. On remarque une certaine stabilité avec des enfants de familles installées dans la région depuis longtemps.
L.S. : Comment l’école Océane est-elle ancrée dans la communauté francophone locale ?
A.B. : Nous pouvons compter sur plusieurs partenaires. Je pense par exemple à l’Association francophone de
Nanaimo ou encore à l’association des aînés avec qui nous avions développé un projet récemment. Nous participons aussi à des événements comme le festival du sucre d’érable et organisons des camps d’été. Notre projet vise à favoriser la mise en œuvre de communautés d’apprentissage, ce qui peut passer par des intervenants. Par exemple, dans le cadre de l’Assemblée du souvenir qui s’est tenue le 7 novembre dernier en rapport avec la Première Guerre mondiale, nous avons reçu un vétéran de la communauté de Nanaimo venu parler aux élèves de ses missions dans l’armée.
L.S. : Est-ce que la langue française continue d’être la langue principale de communication une fois sortis de la classe ?
A.B. : C’est assez difficile. Une fois sortis du cadre scolaire, pas mal d’élèves ont tendance à parler en anglais car cela correspond à l’environnement dans lequel ils ont grandi. En revanche, d’autres continuent d’employer le français de façon naturelle.
L.S. : Quelles sont les activités organisées pour favoriser l’emploi du français ?
A.B. : Nous mettons fortement l’accent sur ce point. Nous avons pour cela établi un projet éducatif intitulé Libre de parler français où que je sois. L’idée est d’inciter les élèves à s’exprimer en français à l’école mais aussi en dehors. On cherche à créer cet automatisme avec des intervenants, des jeux et des clubs. Cela passe donc par le fait de développer des expériences culturelles, sportives, artistiques et académiques.
L.S. : Depuis quelques années, l’école a aussi développé un programme d’éducation aux médias avec les élèves de 6e et 7e année. Quel est le but de cette initiative ?
A.B. : L’expression des enfants est une chose importante que nous souhaitons développer à l’école. Depuis quelques années, les élèves ont par exemple l’occasion d’écrire dans le journal de l’école. Par ailleurs, nous avons commencé à collaborer il y a environ 4 ans avec Marc Pinelli, un ancien journaliste vivant en France qui vient chaque année pour animer des ateliers avec les élèves. Cela a notamment permis à certains d’entre eux de publier des textes sur des sites internet en France grâce aux relations de Marc Pinelli. Des échanges sur Skype avec des journalistes ont aussi été organisés.
L.S. : Lors de leur visite le printemps dernier à Vancouver, les élèves de l’école ont eu l’occasion de visiter les locaux des médias comme Radio-Canada et le journal La Source. Quels souvenirs en ont-ils gardé ?
A.B. : Je crois qu’il s’est agi pour eux d’un souvenir important. En visitant les locaux de Radio-Canada, certains ont été interviewés et le garderont, je pense, en mémoire. En ce qui concerne La Source, les élèves ont été marqués par le fait qu’il s’agisse d’un journal bilingue avec un contenu en français. Le fait d’avoir des contenus distincts pour la partie en anglais et la partie en français a aussi retenu leur attention.
L.S. : Qu’est-ce-qui fait l’originalité des programmes proposés par votre établissement ?
A.B. : Nous essayons de sortir du modèle traditionnel papier-crayon. Par exemple, dans le cadre du programme sur les études autochtones, nous avons abordé le sujet de l’environnement en le rejoignant au savoir des Premières Nations sur les éléments naturels. Plusieurs fois par semaine, nous aménageons aussi des plages horaires pendant lesquelles toutes les classes étudient la même chose en même temps. C’est par exemple le cas de notre atelier sur les beaux-arts. Cela permet de favoriser les échanges entre les élèves et de travailler en petits groupes.