J’ai grandi en Chine où la diversité culturelle n’était pour moi qu’une mise en scène. Les soi-disant minorités régionales de quelques régions reculées de la Chine prospéraient en mettant en évidence leur culture visuelle unique et colorée devant les touristes comme moi. Au fil des années, après avoir pris connaissance de la culture canadienne, j’ai commencé à apprécier la diversité culturelle d’une toute autre façon. En premier, j’ai reconnu les différences culturelles tangibles dans la rue. Par la suite, je me suis rendu compte que la diversité culturelle se vivait ici au quotidien; c’était là sous mes yeux. Contrairement à la démographie homogène palpable dans la plupart des provinces de la Chine, les différences culturelles au Canada représentent les éléments de base du tissu social. Parler de la diversité culturelle dans le contexte canadien, c’est accepter la valeur qui réside dans la tolérance des différences et de célébrer ces différences car on les incarne.
Sur cette note, je désire raconter le périple de mes croyances religieuses qui se sont développées à travers mon interaction avec les diverses cultures canadiennes. Je possède des croyances diverses que je quantifierais comme suit: je me considère 55% bouddhiste, 25% chrétien, 10% hindou et 10% pour le reste. Ces pourcentages fluctuent un peu selon l’occasion. Je dois mentionner que je calcule ces pourcentages avec sincérité. Bien que n’ayant jamais été baptisé ni participé à une cérémonie officielle pour m’engager aux préceptes, je m’intéresse avec respect à la routine des rites religieux. Je lis assidûment les livres sacrés et je crois fermement en certains aspects de ces religions.
Purement par accident je me suis retrouvé parmi un groupe de pratiquants du yoga Bhakti. Leurs battements de tambour et leur musique exotique ont piqué ma curiosité. Assis avec le groupe répétant le mantra qu’ils appellent le Maha, je n’étais pas sincère au début. Je désirais seulement me divertir et faire le fou. J’ai été élevé en Chine communiste et l’athéisme marxiste s’est infiltré dans mon âme. Je trouvais cela difficile d’accepter qu’il existe un Dieu et de discréditer la notion que la religion n’était qu’un outil de la bourgeoisie pour dominer la classe populaire. Cependant, au fur et à mesure que je chantais, quelque chose de magique est arrivé. Les mots méditatifs et répétitifs m’envoûtaient. Cette nuit-là, j’ai eu le meilleur sommeil de ma vie. Je me suis réveillé le lendemain matin en ressentant un épanouissement spirituel.
Je suis devenu un participant régulier à leurs réunions et je me suis mis à fréquenter leur temple. Souvent j’étais la seule personne d’origine chinoise dans la foule d’Asiatiques du Sud- Est chantant et dansant ; cela ne me dérangeait pas. Je prenais plaisir à leur cuisine végétarienne; j’ai acquis un nom spirituel; j’ai dansé avec eux comme s’ils étaient mes meilleurs copains depuis toujours dans l’univers intemporel. Je me rendais compte que les différences culturelles ne sont qu’à fleur de peau. Nous nous ressemblons en tous points et l’humanité finira par vaincre les conflits politiques. Je n’ai jamais eu autant d’espoir pour la paix mondiale. Je ne me suis jamais senti aussi libre qu’au moment de démolir la frontière des différences.
Une fois ce pas franchi après avoir ouvert mon cœur aux autres je désirais ensuite respirer encore plus de spiritualité. Je me suis joint à différents groupes religieux, dont différentes sectes bouddhistes et chrétiennes. Participer ainsi à plusieurs religions a donné une allure positive à mon passé athée. N’étant pas né avec un dieu imposé j’ai pu librement choisir une configuration de croyances pour satisfaire à mon bien-être spirituel en profitant bien de cette diversité de croyances.