Face à l’essor des mouvements extrémistes et l’augmentation des actes xénophobes dans toute l’Europe, le Global Reporting Centre (GRC), institut journalistique à but non-lucratif basé à UBC, a décidé d’agir en donnant aux minorités sociales, ethniques et religieuses habitant en Europe l’occasion d’exprimer leur mal-être et la violence à laquelle ils font face au quotidien. Une volonté de donner une voix à des personnes qui en manquent cruellement.
Un drapeau nazi brandi par des jeunes dans ce qui semble être un stade de football… La page d’accueil du site web dédié au projet du GRC Strangers at Home (Étranger à la maison) nous présente brutalement la menace extrémiste qui plane sur le Vieux Continent depuis plusieurs années et, ainsi, le but du programme : donner aux minorités européennes la possibilité d’exprimer le sentiment de rejet et d’assimilation auxquels elles font face au quotidien dans leur pays.
Les chiffres sont édifiants : les actes racistes, antimusulmans et antisémites explosent dans toute l’Europe. Les actes antimusulmans en France, sur l’année 2014, ont augmenté de 41 % par rapport à l’année 2013, selon l’Observatoire national français contre l’islamophobie. Autre exemple en Hongrie où l’on recense plus de 63 % de la population ayant des croyances antisémites, selon des chiffres datant de 2012 fournis par The Anti-Defamation League. Cet état de fait se ressent aussi dans les institutions politiques des pays européens. Les partis extrémistes tels que le Front National en France, Aube Dorée en Grèce et les Vrais Finlandais en Finlande prennent une place de plus en plus importante dans les politiques nationales jusqu’à entrer aujourd’hui sur l’échiquier politique européen.
Exprimer l’inexprimable
Face à cette menace, le GRC a décidé d’agir en donnant à des écrivains, réalisateurs et activistes directement touchés par cette poussée de l’extrémisme sur le continent européen l’occasion de relater leurs expériences par le biais de la vidéo. « On veut trouver des histoires qui veulent dire quelque chose, explique Nicholas Racz, un des fondateurs du projet. Nous voulons faire prendre conscience des problèmes qui se passent aujourd’hui en Europe et trouver des personnes directement touchées par ces discriminations qui veulent présenter une histoire personnelle et originale. » Le projet Strangers at Home invite donc les personnes intéressées à envoyer avant le 1er mars 2015 au GRC un petit texte de 500 mots expliquant leurs histoires dans leurs pays respectifs et comment ils vivent cette discrimination au quotidien. Ensuite, un comité de membres du GRC sélectionnera les 10 meilleures histoires et offrira à chacun de leurs écrivains 500 € afin qu’ils puissent produire chacun une petite vidéo de 60 secondes. Ces dernières serviront enfin à faire la promotion du projet et à lever des fonds pour la dernière étape : la production d’un long métrage compilant l’ensemble de ces histoires et illustrant ce qui se passe actuellement en Europe. « On veut montrer quelque chose qui choque. Un film qui te fait réfléchir et te force à voir les choses d’une manière que tu n’avais pas considérée », ajoute Nicholas Racz.
Une répétition de l’histoire ?
L’origine de ce projet, commencé il y a un an, prend ses racines dans les histoires personnelles du directeur du GRC, Peter Klein et de Mr Racz. « Lui et moi avons des histoires personnelles qui sont assez similaires, explique-t-il. Nous avons des parents qui ont émigré de Hongrie et qui ont pu échapper à la guerre et à l’Holocauste. Il y a environ trois ans, nous repensions aux histoires que nous contaient nos parents à cette époque et on se disait qu’on entendait les mêmes aujourd’hui à la télévision en Europe. L’histoire se répète. » Ce projet personnel a cependant aujourd’hui une résonance sur l’ensemble du continent européen. Ces discriminations, qui touchent communément religions, ethnies et appartenances sociales, prennent leurs racines dans des causes diverses et difficiles à cerner sur un continent aussi complexe et hétérogène que l’Europe. Le GRC espère ainsi faire prendre conscience de ces problèmes aux personnes vivant sur le continent américain et, ainsi, venir en aide à ces minorités. L’association a déjà trouvé des organismes intéressés pour financer le projet et espère que d’autres les rejoindront. L’argent ainsi récolté servira uniquement à produire le documentaire final qui pourrait être diffusé sur Internet sur une plateforme dédiée à cet effet et dans des musées partenaires. « Nous regardons passivement ce qui passe aujourd’hui en Europe, conclut Nicholas. Et nous voulons raconter ces histoires afin d’interpeller cette passivité ». Et éviter que l’histoire se répète, encore une fois.
Pour soumettre un projet : strangers.globalreportingcentre.org