Le 13 octobre dernier, comme à chaque deuxième mardi du mois d’octobre depuis 2009, Ada Lovelace, une pionnière de la science informatique, était célébrée. Mais plus que cela, c’était un hommage aux accomplissements des femmes qui œuvrent dans les domaines des sciences, des technologies, du génie, des mathématiques et des sciences informatiques (STGM). D’après les statistiques internationales, elles sont encore peu nombreuses. Cependant, quelques indices démontrent que les choses changent, doucement, mais sûrement.
Les plus récentes données de Statistiques Canada sur le sujet montrent que, bien que la majorité des jeunes diplômés universitaires soient des femmes, celles-ci sont sous-représentées dans les domaines des STGM. Ainsi, en 2011, les femmes représentaient seulement 39% des diplômés universitaires de 25 à 34 ans titulaires d’un diplôme dans une discipline des STGM. De plus, la majorité d’entre elles avaient choisi de se diriger vers les sciences et technologies (59%), au détriment du génie (23%) et des mathématiques et sciences informatiques (30%).
Des changements notables
Cependant les choses semblent avoir évolué pour le meilleur au cours de ces dernières années. Ainsi, pour la première fois depuis sa création, les femmes sont majoritaires parmi les étudiants composant la cohorte du mastère en médias numériques du Centre pour les médias numériques (Centre for Digital Media – CDM) du Grand Vancouver.
Alors que seulement quatre femmes s’étaient inscrites lors de la première année d’existence du mastère en 2007, elles sont maintenant 24 et représentent ainsi 57% de la classe de 2016.
Selon, Yasmeen Awadh, agent de recrutement pour le programme, cette évolution peut s’expliquer par un changement du secteur lui-même, qui se veut moins axé sur la technique pure et plus ouvert sur des compétences en design et en gestion de projets.
Ce changement se reflète dans le profil des étudiantes de la cohorte 2016, où l’on note une ingénieure en sciences informatiques, une diplômée en communication et une graphiste. Toutes sont enthousiastes à l’idée de joindre un programme qui offre une formation diversifiée. Il est difficile à l’heure actuelle de savoir si l’expérience du CDM est unique ou s’il s’agit d’une tendance plus globale.
Des initiatives variées
Ceci étant, de nombreuses initiatives au Canada et à l’étranger montrent qu’il y a une volonté claire d’encourager les femmes à considérer une carrière dans les STGM.
Par exemple, en juin 2014, Google et ses partenaires débutaient une campagne nommée Made with Code dont le but est de donner envie aux filles d’apprendre à coder. Sur le blog du moteur de recherche, Susan Wojcicki, CEO de YouTube, expliquait que l’initiative est née du constat que de nombreuse jeunes filles savent instinctivement utiliser les technologies – jeux vidéos, médias sociaux, etc – mais n’expriment jamais le moindre intérêt quant à leur création.
Une des raisons de ce manque d’intérêt semble être le fait qu’il y a encore peu de modèles femmes auxquelles les jeunes filles peuvent s’identifier. Pour lutter contre cela, plusieurs initiatives existent, comme le programme de Mentorship des femmes en communication et technologie (FCT), qui propose un partenariat informel d’un an entre une nouvelle arrivée dans le secteur et une femme à la carrière déjà établie. Techgirls Canada proposent, quant à elles, de « Changer le Ratio » dans les conférences et autres évènements publics, en s’assurant que chaque panel comporte un nombre égal de femmes et d’hommes.
Tout cela n’est qu’un premier pas dans la bonne direction, car il reste encore à s’assurer que les femmes qui décident de faire carrière dans les STGM, peuvent exercer dans de bonnes conditions, ce qui est encore loin d’être le cas aujourd’hui. On se souviendra en effet, cas extrêmes, des menaces de mort reçues par des femmes faisant carrière dans les jeux vidéos, ou de ce Prix Nobel de sciences qui avait dû démissionner après un commentaire des plus sexistes lors d’une conférence. Plus globalement, les femmes œuvrant dans les STGM restent moins payées que leurs homologues masculins et subissent encore de la discrimination à cause de leur statut de mère ou de mère en devenir.
C’est aussi pour cela qu’il est important d’encourager les femmes à faire carrière dans les STGM, car plus elles seront nombreuses dans ces secteurs, meilleures seront leurs conditions de travail. Du moins, c’est ce que l’on peut espérer.