Après le Bill Charlap Trio en 2011, le Cap Jazz Series de l’Université de Capilano, s’apprête à honorer, le 27 janvier, l’incontournable trompettiste et compositeur Dizzy Gillespie. Cet événement culturel, qui offre chaque année une soirée hommage à un grand artiste du jazz, célèbre en 2012 sa quatorzième édition.
Les étudiants apprivoisent le répertoire des plus grands
Ce sont précisément les étu-diants en jazz de l’Université de Capilano qui reprennent les classiques et quelques titres plus méconnus d’un grand artiste. Ceci afin d’en révéler la grandeur de l’œuvre d’une part, mais aussi afin de livrer leur propre interprétation au public. Le festival a déjà mis en avant par le passé des artistes tels que Duke Ellington, Stan Kenton ou encore Count Basie. Habituée à un public plutôt connaisseur et adepte du jazz, l’Université de Capilano compte sur le Cap Jazz Series pour en élargir le profil. « Il est plus difficile de vendre des billets dans le contexte économique actuel, reconnaît Fiona Black, directrice de la programmation Mais nous comptons sur nos fans les plus fidèles et sur nos étudiants pour attirer du public. »
Le 27 janvier prochain, deux troupes : A band et NiteCap se complèteront. Les étudiants qui les composent auront ainsi la chance de montrer le plaisir et le sérieux avec lesquels ils ont travaillé le répertoire de Gillespie. Quelques invités seront également de la fête.
Dizzy Gillespie, artiste créatif et engagé
Gillespie, mis à l’honneur cette année, est un artiste au parcours atypique. Né en 1917 en Caroline du Sud, il s’impose comme l’un des incontournables trompettistes américains de jazz. S’orientant vers la création au début des années 40 en devenant compositeur et chef d’orchestre, Gillespie collabore notamment avec Miles Davis et Louis Armstrong. Ensemble, ils élaborent un nouveau style : le bebop. Opposé au swing qui domine à l’époque, le bebop se caractérise par un tempo plus soutenu, l’importance de l’improvisation dans les solos, la liberté d’interprétation et l’introduction de rythmes afro-américains.
Meneur de bande incontesté, Gillespie multiplie les concerts aux Etats-Unis dans les années 50, mais c’est à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, en 1952, qu’il triomphe véritablement. Il profite alors de son succès pour partager son savoir, défendre la démocratisation du jazz et du bebop, plus précisément. Il voyage au Moyen-Orient, en Europe de l’Est, en Amérique du Sud, et enseigne à New York.
Une « Maison Blanche du Blues »
En 1964, il se déclare candidat à la présidentielle américaine. Son engagement politique se révèle dans un programme politique unique, utopique. Gillespie propose de transformer la Maison Blanche en Maison du Blues et de rassembler ses amis Ray Charles, Miles Davis, Malcolm X, dans un gouvernement. Il se retire finalement en faveur de Lyndon B. Johnson, qui sera élu.
Autour de classiques tels que Manteca, Salt Peanuts ou A night in Tunisia, Gillespie a enrichi le jazz d’un héritage afro-américain revendiqué. L’originalité de ses compositions et la virtuosité de ses solos à la trompette lui ont valu de nombreuses récompen-ses tout au long de sa vie. Fiona Black ne tarie pas d’éloges à son sujet : « Gillespie est l’un de mes artistes de jazz préférés, évidemment pour la manière visionnaire avec laquelle il a mêlé jazz et rythmes afro-cubains, mais aussi pour son esprit et son humour ».
Etant parvenu à s’inscrire dans l’histoire du jazz et de son pays, c’est désormais à l’histoire du festival Cap Jazz Series que Gillespie s’apprête à être mêlé.
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Le 27 janvier 2012, à 20h
Au North Shore Credit Union Centre for the performing arts
www.capilanou.ca
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Biographie de dizzy gillespie
1917 : Naissance à Cheraw, en Caroline du Sud
1937 : Débute en intégrant le Teddy Hill’s Orchestra
1945 : Compose A night in Tunisia et Salt Peanuts
1946 : Crée son propre orchestre
1952 : Triomphe à Paris
1964 : Se rêve président des Etats-Unis
1979 : Publication de son autobiographie To be or not to bop
1993 : Meurt à l’âge de 76 ans