Quelle joie de pouvoir marcher calmement en plein centre des Champs-Élysées. La mairesse de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé que dorénavant, la grande avenue parisienne sera fermée à la circulation automobile un dimanche par mois.
Arrivé au rond-point des Champs-Élysées, j’ai même été surpris d’entendre le chant des oiseaux. Avec tous les grands arbres plantés de longue date entre le palais des expositions et le palais présidentiel, on pouvait bien se douter qu’il y avait des milliers d’oiseaux, mais leurs chants étaient couverts par le vacarme de la circulation automobile. Cette fermeture mensuelle de cette grande avenue est un geste symbolique, mais heureusement, ce n’est pas la seule mesure anti-bagnole prise par les autorités municipales de la capitale française.
Les berges de la Seine, transformées en mini-autoroute urbaine à une époque où la voiture était reine, sont maintenant rendues aux piétons et aux cyclistes. Des tables ont étés installées pour que les familles parisiennes et les touristes puissent y faire des pique-niques. Par ailleurs, la ville se dote d’un impressionnant réseau de pistes cyclables. La ville offre en outre à ses résidents jusqu’à 400€ de subvention à l’achat d’un vélo électrique. Paris subventionne aussi l’installation d’abris pour vélos et de bornes de rechargement pour les véhicules électriques. Des stationnements gratuits seront réservés aux voitures électriques. Autolib, un système de location de courte durée de voitures électriques, sur le principe du Velib, existe déjà. La Régie autonome des transports parisiens (RATP) a dévoilé un ambitieux programme de remplacement des autobus diésel par des véhicules électriques ou au gaz naturel.
Mais cette transition énergétique ne se fera pas seulement avec des carottes, il faudra aussi utiliser le bâton pour chasser les bagnoles de la ville. À partir du 1er juillet, les véhicules particuliers antérieurs à 1997 seront interdits dans la capitale. D’autres mesures, beaucoup plus draconiennes, seront prises dans les cinq années à venir. La ville veut aller jusqu’à l’interdiction totale de véhicules diésel d’ici quelques années. En attendant, les amendes pour stationnement illégal coûtent de plus en plus cher, et dans certaines zones, la vitesse est limitée à 20 ou 30 km/h. Bref, tout est fait pour chasser la bagnole de la ville. Un projet de loi sur la transition énergétique devrait donner beaucoup plus de pouvoir aux municipalités qui veulent aller beaucoup plus loin en ce qui concerne les mesures anti-voiture.
À Paris, tout ça est politiquement possible, car la majorité des Parisiens n’a pas de voitures. Les banlieusards crient au scandale et c’est devenu un enjeu de débat politique à l’échelle nationale. Selon les traditions politiques françaises, cela fait l’objet d’une division gauche/droite. Au risque d’une grande simplification, disons qu’en gros, la gauche est anti-bagnole et que la droite se porte à la défense des automobilistes opprimés. Lors des dernières élections régionales, la droite, notamment le Front National, a conspué « l’idéologie anti-voiture » de la gauche qui ne se préoccuperait que des intérêts des jeunes bourgeois bohèmes mondialisés des grands centres urbains. Ces campagnes réactionnaires n’ont pas eu d’impact à Paris, mais certaines villes de province, comme Béthune, Pau, Angers, Saint-Étienne, etc. ont fait marche arrière et rétabli des mesures favorables à l’automobile. La guerre est déclarée !
En attendant la fin des « hostilités », les touristes qui viennent à Paris, tout comme les Parisiens, se réjouiront de pouvoir respirer un peu mieux.