« Les régimes alimentaires traditionnels des peuples autochtones et les activités physiques associées ont été remplacés par des schémas de consommation qui aggravent les risques de maladies. Pourtant, les aliments jouent un rôle important dans la prévention des maladies chroniques, et il peut se révéler gagnant de faire leur promotion auprès des communautés autochtones », centre de collaboration nationale de la santé autochtone.
L’Université de Colombie-Britannique (UBC) mènera une réflexion sur la souveraineté alimentaire des Autochtones avec un colloque au titre suggestif : Nourriture-Futur-Et vous. Cette rencontre de professionnels chevronnés se tiendra durant une journée et abordera de façon large la question du développement durable contre la problématique de l’alimentation.
Une table ronde va réunir un groupe d’experts qui disséqueront le problème lié à nos modes alimentaires. Le symposium, qui ouvrira ses portes dans l’enceinte même de l’UBC le jeudi 26 janvier 2017, se propose d’aborder l’interrogation en la décomposant en quatre thèmes. Le second de ces thèmes s’intitule :
« Qui est souverain dans la souveraineté alimentaire indigène ? »
Ce thème en particulier nous interpelle. Notons que la Loi constitutionnelle de 1982 distingue trois groupes de peuples autochtones disséminés dans l’ensemble du pays : les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Chacune de ces entités a une histoire propre, des langues locales et des pratiques culturelles particulières. Cela rend a priori ardue l’approche envisagée au cours de ce colloque de Vancouver.
Rob VanWynsberghe, que nous avons pu joindre, est le professeur qui va ouvrir la journée. Il y aura, outre cet éminent expert canadien de la question alimentaire, bien d’autres spécialistes. Ils auront à aborder sous la formule « d’une table ronde dynamique avec des perspectives de la Colombie-Britannique au Nunavut jusqu’aux montagnes des Andes », la façon dont s’alimentent les populations autochtones, ainsi que les conséquences engendrées. Cela constitue toute une gageure, pour sûr.
Quel est l’état des lieux actuel ?
De façon générale et à l’échelle mondiale, bien des études ont relevé le fait que la résurgence des maladies chroniques a une corrélation étroite avec nos modes alimentaires et notre train de vie. L’activité physique décline, non sans conséquences sur notre état organique et médical. Cela est cause de maladies et d’obésité, entre autres. Souvenons-nous que, quelques décennies seulement en arrière, les Autochtones produisaient beaucoup d’efforts physiques dans les activités de culture, de pêche et de chasse. Se nourrir demandait alors beaucoup d’énergie.
De nos jours, dans les réserves ou hors des réserves, les Autochtones vivent désormais de façon casanière. Le métabolisme doit de ce fait s’adapter à ce nouveau schéma de la vie sédentaire. Il doit aussi composer avec une alimentation plus riche en sucre et en gras. La chercheuse Lynda Earle du Centre de Collaboration Nationale de la sante Autochtone admet pour sa part qu’en matière d’alimentation, « les peuples autochtones du Canada ont amorcé une importante transition ».
Revenir aux anciennes habitudes alimentaires des Autochtones ?
Le mode nutritionnel dans les communautés autochtones a subi une mutation, et suscite des questionnements à présent. « Les régimes alimentaires traditionnels et les activités physiques associées ont été remplacés par des modèles de consommation qui augmentent les risques de maladies chroniques », dénonce Earle. Elle prône une juste compréhension de cette transition « pour mieux contenir les maladies chroniques dans les communautés autochtones ».
La chercheuse Earle – en affirmant que « les habitudes alimentaires traditionnelles favorisent un apport plus sain en gras et sont plus riches en vitamines et en minéraux que les schémas de consommation actuels des Autochtones » – abonde en faveur d’une reconsidération des pratiques anciennes et des régimes traditionnels en ce qu’ils ont d’avantageux. Ne devrions-nous pas suggérer, voire prôner avec cette spécialiste de la question, un retour à des habitudes alimentaires plus équilibrées ?
D’ores et déjà nous pouvons escompter que la réflexion émanant du colloque de l’UBC, en se penchant sur les habitudes alimentaires des Autochtones de l’Ouest canadien, apportera bien des éclairages sur certaines zones d’ombre. La population autochtone est plus jeune, et augmente plus rapidement que le reste de la population canadienne. Et cette donne pourrait renfermer tout l’enjeu de la réunion scientifique de Vancouver.
Diabète et modes de vie autochtone
« L’augmentation rapide des cas de diabète chez les populations des Premières Nations, des Inuits et des Métis est influencée par plusieurs facteurs de risque, dont des facteurs d’ordre génétique, biologique et environnemental et des facteurs liés au mode de vie.
Le rythme rapide des changements socioculturels, environnementaux et des habitudes de vie observés chez ces populations au cours du demi-siècle dernier a eu des répercussions sans précédent sur leur santé et a contribué de façon importante aux taux élevés de diabète.
Les facteurs liés aux habitudes de vie, comme l’alimentation, l’inactivité physique, l’embonpoint et l’obésité, ainsi que le tabagisme, sont des facteurs de risque clés du diabète de type 2 chez les populations des Premières Nations, des Inuits et des Métis. »
Source : Agence de la santé publique du Canada