Médias sociaux et adolescence : un impact aigre-doux

Toujours braqués sur leur cellulaire, MP3 à fond, les adolescents d’aujourd’hui ont leur propre univers. Nés avec les médias sociaux et les billets d’avions peu chers, c’est tout un rapport au monde et à ses diverses cultures et traditions, qui se développe en eux et s’impose à leur entourage. Publié en mai 2013, cet article n’a rien perdu de son actualité.

Le culte de l’apparence règne chez les jeunes. Enfants de l’image, les adolescents vivent dans un univers où l’apparence est, plus que jamais, réalité. Les médias de masse y jouent un grand rôle. Ceux-ci peuvent d’ailleurs, bien souvent, être vecteurs de complexe pour les jeunes adultes.

Lus par une vaste majorité de jeunes filles, les magazines féminins interviennent, entre autres, dans la perception qu’elles auront d’elles-mêmes ainsi que l’intériorisation de leur rôle au sein de la société. Imposant aujourd’hui un culte de la minceur et de l’apparence, ils les laissent bien souvent trop soucieuses de leur apparence.

Cigi Capentier, 19 ans, descendante du peuple indigène, confie sentir sur elle une pression sociale. « En lisant les magazines féminins, je sens que je dois être une poupée », livrait-elle. Elle continuait : « Chaque jour, mon image est au cœur de mes préoccupations. Je me dis que les autres ne m’aimeront pas si je suis grosse ».

Une pression qui peut expliquer le nombre croissant de cas d’anorexie et de boulimie chez les adolescentes. Dans une société ordonnant aux jeunes filles que l’estime de soi se mesure à leur poids, on ne peut s’étonner que des troubles du comportement alimentaire puissent proliférer en elles, affaiblies et suffoquées par des idéaux de beauté toujours plus irréalistes.

Être branché tout le temps, une obligation chez les adolescents.

Mais cette pression ne touche plus seulement les filles. Les garçons sembleraient être aussi de plus en plus affectés. L’idéal de beauté masculine renvoie alors à un homme viril, musclé, et dominant. David, 24 ans, d’origine chinoise, avouait se sentir parfois mal à l’aise vis-à-vis des exigences que l’on a des hommes dans les médias. « Dans les publicités, les hommes paraissent machos. Si tu n’es pas d’accord avec ce genre de masculinité, alors tu es vu comme un gay ».

Par ailleurs, la psychologie ne semble jamais au rendez-vous dans les magazines masculins : « On fait passer les hommes pour des idiots, sans sentimentalité », ajoutait David.

Vecteur d’unité dans la diversité

On reproche souvent aux adolescents de perdre le temps précieux de leur jeunesse sur les médias sociaux. De la même façon, on reproche à la mondialisation de disséminer les cultures, ne promouvant qu’une seule culture de masse.

Mais, aujourd’hui, force est de constater que c’est spécifiquement celle-ci qui réunit les jeunes, indépendamment de leurs origines culturelles et religieuses. « Nous ne nous sentons pas différents de jeunes Chinois, Français, Iraniens ou Philippins. Nous écoutons les mêmes musiques, aimons les mêmes films », témoignait Yesim Ozuer, 20 ans, originaire d’Istanbul. Avec la globalisation, les médias sociaux ont ainsi été vecteurs d’unification des jeunes de la planète.

« L’Internet nous rapproche des autres jeunes », expliquait Tugce Balik, Turc de 18 ans et étudiant étranger à Vancouver. Un constat partagé par Kevin Ryan, professeur émérite de l’Université de Boston, dans son étude Report on the Condition of North American Youth :
« Grâce à la messagerie instantanée et aux courriels, les jeunes peuvent demeurer en contact avec des gens provenant de partout dans le monde et découvrir ainsi de nouvelles cultures et de nouveaux pays ».

De plus, un sondage du Centre de recherches et d’informations du Canada (CRIC) révélait une ouverture plus nette à l’égard du pluralisme culturel chez les jeunes canadiens que chez leurs aînés : « L’avènement d’Internet, tout comme la télévision et l’immigration massive, ont contribué à développer au Canada une plus grande ouverture au monde ».

Effectivement, fréquentant des personnes de toutes origines en milieu scolaire, la différence culturelle constitue de moins en moins une barrière dans la création de liens d’amitié entre les jeunes. Un constat optimiste qui nous laisse entrevoir une plus forte liaison entre les diverses communautés de Vancouver. Porteurs de changement pour nos sociétés, les jeunes d’aujourd’hui amènent à leurs aînés l’espoir qu’une unité dans la diversité peut régner dans nos sociétés
contemporaines.

« Toutes les frontières ont, de toutes manières, été posées par l’humain », résumait alors Clara, 20 ans, jeune Belge séjournant à Vancouver.