Du 8 au 10 novembre dernier se tenait à Vancouver le premier festival du podcast. Organisé par DOXA, il s’adressait aussi bien aux auditeurs qu’aux créateurs. Retour sur un évènement appelé à se renouveler.
Avec plus de 525.000 shows inscrits sur Apple Podcasts, le podcast, cet enregistrement audio téléchargeable, a le vent en poupe et nombreux sont ceux qui rêvent de se lancer dans l’aventure. C’est donc avec l’idée de mettre en valeur la puissance et le potentiel du podcast, que DOXA invitait amateurs et professionnels à se retrouver pour une série de discussions, ateliers, enregistrements en public et présentations sur scène de podcasts locaux et étrangers.
Une offre de podcasts diversifiée et parfois nécessaire
Le festival offrait un échantillon des différents types de podcasts et podcasteurs œuvrant de nos jours, des professionnels de CBC, qui propose maintenant des émissions destinées uniquement à l’internet, aux amateurs qui ont choisi le podcast pour partager leur passion.
Il mettait aussi à l’honneur des journalistes indépendants ou citoyens, qui ont créé leurs podcasts pour pallier à une absence de couverture par les médias traditionnels. Ainsi, The Cambie Report et Seeking Office couvrent la politique sur Metro Vancouver, à une époque où plus aucun journaliste professionnel n’est assigné exclusivement à couvrir les assemblées et conseils municipaux. Ces deux podcasts ont joué un rôle important d’information des citoyens lors des dernières élections.
Une activité accessible et flexible
Produire un podcast est peu coûteux, et de nombreux créateurs ont démarré en utilisant des outils qu’ils possédaient déjà, comme l’enregistreur de leur téléphone portable et leur connexion internet. « Au début, nous n’avions qu’un micro pour deux. J’ai dû apprendre en faisant. Je me suis formée à la merveilleuse université de Google, » dit ainsi Pamela Rounis, productrice, du podcast vancouvérois SADcast.
En plus de l’aspect financier, de nombreux podcasteurs apprécient la flexibilité offerte par le médium. Tandis que Pamela Rounis ne peut réellement publier son show que mensuellement, Mike Browne a, lui, fait de son podcast local hebdomadaire Dark Poutine son activité principale : « Je consacre une soixantaine d’heures par semaine à mon podcast, mais c’est parce que je suis en position de le faire. »
Une monétisation possible mais difficile à obtenir
Même s’il existe des réseaux de podcasts qui font payer leur contenu, la grande majorité des podcasts sont distribués gratuitement. « La gratuité est le fondement même du podcast, » dit Peter Vincer, qui supervise le marketing et les partenariats mondiaux pour Himalaya, la plus grande plateforme de contenus audio parlés au monde.
Alors, est-t-il possible de se faire payer pour son travail lorsqu’on est podcasteur ? « Si vous vous lancez dans le podcast pour faire des millions, laissez tomber ! » déclare Bob Kane, vice-président des ventes pour TPX, le leader canadien de la vente de publicité dans les podcasts. Pour pouvoir travailler avec son agence, un programme doit recevoir 50 000 téléchargements mensuels et il estime qu’à moins de 10 000 téléchargements mensuels, trouver des annonceurs est difficile.
Il existe plusieurs solutions de monétisation pour les podcasteurs. Le modèle le plus connu est celui des publicités lues pendant le programme. De nombreux podcasteurs utilisent aussi les plateformes de financement participatif, comme Patreon, sur lesquels leurs supporters peuvent donner une somme d’argent de leur choix, mensuellement ou par épisode. Canadaland, qui produit des podcasts d’actualités, reçoit ainsi plus de 25.000$ américains par mois de 5 100 ‘patrons’.
Plus surprenant peut-être, certains podcasteurs ont signé des accords avec Hollywood pour l’adaptation de leurs shows. C’est le cas de Paul Bae, autre podcasteur local, co-créateur des séries de fiction The Black Tapes et The Big Loop. Thomas van Kalken, australien expatrié à Vancouver, est, lui, devenu auteur indépendant spécialisé dans le podcast. « Ça m’a pris deux ans et demi, mais j’ai enfin trouvé comment faire du podcast ma source de revenu principale, » explique Paul Bae. À noter aussi que les bons techniciens et artistes du son sont en demande. Il semblerait donc possible de faire du podcast son métier mais cela demande une bonne dose de créativité, de la constance et de la patience.
Le premier festival de podcast de Vancouver était l’occasion pour de nombreux créateurs de se rencontrer et de partager leur expérience. DOXA espère faire de l’événement un rendez-vous annuel.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.vanpodfest.ca.