« Les utopies, de par nature, sont édifiantes et optimistes ; elles démontrent la résilience de l’esprit humain, elles aspirent à quelque chose de meilleur, » s’exclame Lealle Ruhl, instructrice à l’université Simon Fraser (SFU) 55+ Program et au Collège Langara.
Mme Ruhl discutera des utopies des 20e et 21e siècles, avec un accent sur la place de l’internet comme espace utopique lors d’un forum intitulé No Better Place, Utopias from The Republic to the Internet le samedi 14 septembre à 13 h 30 au SFU Harbour Centre.
L’utopie définie
« Les communautés intentionnelles telles que les co-ops, la cohabitation, et même les communes des années soixante, sont des exemples de communautés utopiques » explique Mme Ruhl. « Chaque fois qu’un groupe de gens se réunissent par choix dans le but d’aller de l’avant collectivement, c’est une utopie. »
En outre, les utopies sont habituellement tournées vers l’avenir et non pas des visions réactionnaires. Il s’agit d’essayer quelque chose de nouveau et qui reflète des valeurs partagées.
Selon Mme Ruhl, les gens pensent souvent que les utopies ne sont, fondamentalement, pas pratiques. « En réalité, historiquement, la plupart des utopies étaient profondément pratiques », déclare-t-elle, « débutant avec l’attachement à la terre, comme ils le font à Findhorn (une communauté utopique en Écosse) pour modéliser concrètement et développer des nouvelles façons de gérer l’agriculture et de vivre de façon durable. Les utopies sont très disciplinées dans leur conduite. »
Certains, qui ont grandi dans les années 60 et 70, étaient enclins à rêver d’une société idéale. Mais aujourd’hui, il semblerait que l’idée d’utopie soit beaucoup plus enracinée dans la survie économique de base.
La raison pour laquelle l’économie occupe une si grande place est bien démontrée dans la hiérarchie des valeurs de Maslow, explique Mme Ruhl.
« Tant que vous n’êtes pas sécurisés dans vos besoins de subsistance, vous ne pouvez pas répondre à vos ambitions les plus élevées, » souligne-t-elle. « Les utopistes sont fondamentalement critiques de ce qui existe et ils appellent à une paix économique assez importante. Dans plusieurs visions utopiques, ceci veut dire une redistribution de la richesse. Les utopies s’opposent à la protection des biens, qui maintient une inégalité fondamentale. »
Un espoir à travers les générations
Face à l’optimisme social à travers les tranches d’âge Mme Rhul se montre ferme.
« Pour la cohorte dans la vingtaine, les grandes décisions de la vie pèsent lourd. Ils sont dans une étape très difficile de l’histoire, » précise-t-elle. « Ils vivent les changements climatiques et savent que leur monde est différent de celui de leurs parents. Ils sont distincts de la génération des milléniaux, ils sont irrépressibles, beaucoup plus audacieux et intrépides. C’est un signe très encourageant. »
Elle explique que les gens plus âgés se souviennent d’une période antérieure au président américain Ronald Reagan. Ils se souviennent des années 60 et 70, et du dernier réel mouvement politique en Amérique du Nord, alimenté de conversations sérieuses sur la vie collective, sur la valeur de la communauté et le soin d’autrui. Cette génération est consciente de ce qu’il est possible faire au niveau politique. Les jeunes, eux, ne se souviennent pas d’une période antérieure au 11 septembre 2001.
Ce qui est similaire entre les aînés et les jeunes c’est qu’ils n’ont rien à perdre. Les jeunes qui sont dans la vingtaine peuvent mettre tous leurs biens dans un panier de bicyclette. Et les aînés ne peuvent pas emporter leurs biens avec eux à leur mort.
« Il y a donc une fertilisation croisée précieuse qui doit se réaliser entre les plus âgés et les jeunes, il y a là un potentiel de collaboration, » ajoute Mme Ruhl.
Les utopies sont à petite échelle
Pour qu’elle soit prise au sérieux au niveau politique, la question de l’utopie doit s’inscrire dans une échelle adéquate. « Les utopies ne sont pas destinées aux états-nations, » précise Mme Ruhl. « Elles sont de petite taille, basées et construites de communautés de gens partageant les mêmes idéaux. Le désir d’un monde meilleur, ce n’est pas seulement une vision meilleure pour soi mais aussi pour une meilleure vie collective. »
Est-il possible d’atteindre une utopie ? Mme Ruhl est réaliste : « Non, vous n’arriverez jamais à l’utopie car l’utopie est un ensemble de principes que vous aspirez à réaliser, de sorte que vous n’allez jamais parfaitement encapsuler ces valeurs. » .
Pour en savoir plus visitez le : www.sfu.ca/continuing-studies/events/2019/09/no-better-place-utopias-from-the-republic-to-the-internet.html