De nombreux Canadiens, de nos jours, sont fiers d’appeler le Canada un havre accueillant et inclusif. Et en plus de dire « eh » selon les clichés habituels, et de vivre dans des igloos, le Canada est également connu à l’étranger pour être un endroit ouvert sur le monde et avenant.
Aujourd’hui, en rétrospectif, en jetant un coup d’œil sur l’histoire du Canada, une histoire jugée controversée dans laquelle des groupes minoritaires n’avaient souvent pas droit au chapitre…. on pourrait dire, à juste titre, que beaucoup de chemin a été fait. Et parce que le Canada est bien connu pour être une terre d’immigration, il y a un débat en cours au pays à savoir si les nouveaux arrivants s’assimilent ou s’intègrent à leur société d’accueil.
Comme la plupart des Néo-Canadiens, j’ai immigré au Canada. Je n’avais, certes, que trois mois en arrivant ici, pour dire que je n’ai connu en grandissant que les rues de Vancouver. Mais étant donné que je suis eurasienne, j’ai souvent pensé à mes origines asiatiques en posant la question s’il fallait m’intégrer à l’une ou l’autre de mes cultures, sans parler de l’Amérique du Nord, un continent complètement différent.
Le français est ma langue maternelle, ensuite s’y est ajouté le chinois. Quand je suis entrée à la maternelle, je ne connaissais pas l’anglais. Pendant la journée, j’allais à une école française et le soir je fréquentais une école chinoise. À ce jour, je n’ai jamais fréquenté une école anglaise. Alors comment se fait-il que l’anglais soit actuellement la langue dans laquelle je suis le plus à l’aise ? Assimilée ou intégrée, je me sens maintenant plus que jamais canadienne, ayant mélangé mes deux cultures d’origine pour en former une toute nouvelle.
J’ai eu la chance d’être exposée à différentes cultures dès l’enfance en participant à des festivals, à des événements qui avaient lieu dans les différents centres communautaires auxquels mes parents m’avaient inscrite. J’ai pu rencontrer beaucoup d’autres enfants de divers horizons culturels : dès ma tendre jeunesse, la diversité est devenue ma réalité.
Je me souviens d’avoir participé à de nombreux cours de théâtre. Une performance sort du lot, celle d’une pièce inspirée par Anne of Green Gables il y a quelques années. J’avais lu le livre avant d’apprendre la pièce, peut-être le premier roman de littérature canadienne que j’ai apprécié. Cependant, en y repensant, je ne me souviens pas d’avoir appris ou fait des choses « canadiennes » évidentes, car pour moi, l’identité de Vancouver
a été façonnée par ceux qui l’ont habitée.
J’ai un beau souvenir d’un autre événement mémorable et historique…les Jeux olympiques d’hiver de 2010. Je me souviens d’une ambiance joyeuse et excitante, de grands écrans où nous nous réunissions pour encourager notre équipe de hockey préférée et de la voix de tant de personnes qui chantaient notre hymne national. C’est peut-être l’empreinte de la nostalgie, mais pour moi, je voyais différents groupes culturels sortir pour célébrer le fait d’être Canadien… en plus de toutes les médailles d’or que nous avons gagnées.
Un souvenir distinct qui m’est resté au fil des ans est celui de ma visite dans l’est du Canada. Après avoir rencontré des gens dans de petites villes majoritairement blanches, je me suis rendu compte de l’importance de la diversité. La diversité à Vancouver m’a permis d’élargir mon point de vue sur le monde, ce qui fait de moi une personne plus empathique et tolérante. Les gens que j’ai rencontrés en provenance de ces petites villes n’étaient probablement pas malveillants avec leurs remarques désinvoltes, mais plutôt mal informés et bornés.
Grandir en tant qu’enfant mixte a parfois été déroutant, pour les autres et pour moi-même. Pour en revenir à la question du début, mon point de vue personnel est que Vancouver me fait sentir plutôt intégrée qu’assimilée. Grâce à la diversité de ses cultures, de ses traditions et de ses religions, je ne me suis jamais vraiment sentie comme un imposteur dans cette ville. D’autres endroits dans le monde et même dans notre pays ne sont pas aussi tolérants de la pluralité, et donc même avec tous ses défauts, je sais à quel point je suis chanceuse de pouvoir vivre dans une ville où célébrer les différences est manifestement encouragé.
Parce que j’ai grandi en ville, j’ai une perspective limitée sur ce sujet. Il serait intéressant d’étendre cette conversation à d’autres immigrants, ceux qui viennent d’horizons culturels complètement différents et qui parlent des langues différentes. Se sentent-ils plus intégrés ou assimilés dans la ville de Vancouver ?