Confinement et jardinage : la bouture de l’espoir

Photo d’Egan Davis

« Regarder l’herbe pousser ». Certains appliquent l’expression à la lettre pendant le confinement et cet intérêt pour la botanique dilettante est loin d’être une activité rébarbative. Egan Davis, chef-instructeur de la filière horticole à UBC, prodigue des conseils à tous les jardiniers en herbe que nous sommes devenus lors de ce confinement.

L’horticulture connaît actuellement un essor sans précédent. « L’un de mes amis, responsable d’une pépinière, m’a confié qu’il a connu une hausse de 300% des ventes par rapport à l’année dernière ! », explique Egan Davis.

Cet engouement soudain génère une nouvelle manne financière pour les pépiniéristes mais préfigure aussi un véritable mouvement de société, attendu par les fervents défenseurs de l’environnement : une révolution verte qui commence à la maison. Et le début de cette nouvelle aventure est plus proche qu’on ne peut le croire : elle pourrait commencer dans votre propre cuisine !

Les conseils pratiques

Toutes les épluchures et déchets végétaux ne se prêtent pas à la repousse. La salade, le bok choi, le céleri, les pousses de betteraves et tous les feuillus sont faciles à faire repousser. Il suffit de garder les trognons et les mettre dans un récipient avec un peu d’eau. Selon le chef-instructeur de la filière horticole de l’UBC,
« ce n’est pas le moyen le plus rapide de faire pousser quelque chose de comestible mais c’est amusant, surtout avec les enfants ! Ils peuvent ainsi assister au cycle de la vie. » Voici donc une idée d’atelier pédagogique à réaliser à moindre coût.

Egan Davis conseille aussi les tomates Heirloom, le concombre ou encore le poivron, dont on peut récupérer les graines. Pour lui, « C’est mieux de partir des graines. C’est aussi plus écologique. Et puis, on assiste à toute la croissance de la plante et c’est très gratifiant. »

La gestion de l’eau est capitale. Chacun n’a pas forcément la main verte et Egan Davis recommande de garder l’œil sur l’arrosage, une erreur assez commune chez les jardiniers novices. Pas assez ou trop d’eau pourrait mettre en péril votre nouvelle pousse.

Pour ceux qui ont la chance de posséder un jardin ou un balcon, il ne faut pas hésiter à cultiver les plantes à l’air libre. La salade et le céleri préfèreront une culture extérieure, dès qu’ils seront prêts. « Le problème, c’est que la chaleur favorise la pousse et si elles poussent dans l’obscurité, ou même qu’elles restent à l’intérieur la nuit, elles n’auront pas assez de lumière naturelle. » explique Egan Davis.

La dimension symbolique

Planter et replanter sont des actes riches de différentes valeurs, en dehors de l’aspect alimentaire. La valeur écologique est évidente et participe à la biodiversité du paysage urbain. Les jardins communautaires sont aussi des initiatives à encourager selon Egan Davis. Hélas, ils sont parfois victimes de leur succès et des vandales s’adonnent au vol ou à la destruction de cultures.

La bouture de l’espoir. | Photo d’Egan Davis

« Plus que jamais, je suis heureux d’être dans cette filière. C’est très prometteur de voir l’intérêt pour le jardinage grandir à ce point. Depuis le début de la pandémie, beaucoup de personnes ont essayé de contacter par email et via les réseaux sociaux pour avoir des conseils et c’est vraiment beau de voir ça », apprécie le chef-instructeur de la filière horticole de l’UBC.

« Cultiver, c’est aussi l’idée de réussite : réussir à faire pousser une plante, c’est quelque chose de très valorisant sur le plan personnel ». Egan Davis insiste également sur l’impact social que peuvent avoir les plantes. Il poursuit : « Dans l’immédiat, c’est aussi une présence, quelque chose d’agréable à regarder, quelque chose que l’on entretient ».

Planter et replanter en cette période est loin d’être un acte anodin pour Egan Davis : « C’est porteur d’espoir. On se projette dans le futur : on essaie d’imaginer à quoi ressemblera notre plante dans les semaines à venir et ça donne un but vers lequel tendre ».

Les déchets végétaux de nos cuisines peuvent avoir une seconde vie et des usages multiples, de l’apport social à l’aspect pédagogique en passant par la culture de l’espoir. La preuve que mettre les mains dans la terre aide à garder la banane !