Une initiative de MOSAIC fait goûter des repas gastronomiques à de nouveaux arrivants

Début février, les familles inscrites à l’organisme d’aide aux immigrants MOSAIC vont pouvoir découvrir les saveurs de plusieurs enseignes emblématiques de Vancouver.

À l’initiative de Meeru Dhalwala, co-propriétaire du restaurant indien Vij’s, des dons sont récoltés par Mosaic et les établissements participants pour offrir des vrais repas gastronomiques à de nouveaux arrivants qui n’ont ni le temps ni les moyens de se les offrir.

Ce programme trouve son origine dans une histoire à la fois terriblement belle et banale. La jeune Meeru Dhalwala a débarqué de l’avion à Washington D.C. à l’âge de cinq ans avec sa famille. Les débuts sont terriblement difficiles pour toute la maison. Les trois premières années, l’ensemble des repas n’a été composé que de chapati, un pain plat traditionnel préparé par sa mère. « Nous ne mangions que ça », nous explique-t-elle, « à tous les repas ». Parfois accompagnés de légumes, souvent sans assaisonnement. Au départ, la pauvreté l’oblige même à garder des chaussures trouées pour aller à l’école. « Les gens n’imaginent pas ce que c’est que de lutter pour sa survie tous les jours quand on est immigrant », continue-t-elle. « On lutte pour se nourrir, pour se payer un loyer, pour s’habiller mais bien plus intensément que le reste de la population ». Mais c’est aussi un énorme sentiment de dépaysement, de liens coupés avec une communauté parfois très forte qui marqueront de façon très intense l’adulte qu’elle deviendra: « Quand on est dans ce genre de situation, il est bien entendu impensable d’aller au restaurant ».

Un luxe inaccessible pour beaucoup

Photo par Jean-Baptiste Lasaygues

C’est justement ce qu’elle veut offrir aux nouveaux arrivants fraîchement débarqués dans le Grand Vancouver. L’idée lui trottait dans la tête depuis plusieurs mois et, au mois de décembre dernier, elle se décide à sauter le pas et lancer le programme Local Restaurant Dish Out Support dans lequel elle invite cinq autres établissements (Acorn, Autostrada, Burdock & Co, Community Harvest et Ubuntu) choisis selon des critères précis. Il faut que les restaurants soient reconnus pour avoir une gestion du personnel à l’éthique irréprochable, qu’il s’agisse d’établissements appartenant à des habitants de la région, qu’ils utilisent au maximum des produits locaux et qu’ils soient engagés d’une manière ou d’une autre dans la lutte contre le changement climatique.

Elle soumet ensuite l’idée à MOSAIC, dont elle est une des membres du comité de direction depuis bientôt un an, qui l’adopte et met en place un système de réservations et de dons sur Internet et commence à récolter de l’argent. L’idée est ingénieuse car en plus d’aider les nouveaux arrivants, elle permet également de soutenir des établissements grandement affaiblis par la crise sanitaire et qui ont parfois perdu jusqu’à 50 pour cent de leur chiffre d’affaires habituel. « C’est une des raisons pour lesquelles mes critères de sélection des participants ont été aussi stricts », nous explique madame Dhalwala. « Je veux soutenir la profession et les patrons locaux dont la situation est plus compliquée que jamais, quelque chose qui soit bon pour tout le monde, les immigrants comme les restaurateurs et leurs employés »

Le restaurant Ubuntu Canteen. | Photo par Jean-Baptiste Lasaygues

Un appel aux dons

Les immigrants qui bénéficieront de ce programme disposeront de cartes cadeaux valables uniquement dans les restaurants sélectionnés et, épidémie de COVID oblige, pourront sélectionner ce qu’ils désirent dans les menus… à emporter bien entendu. MOSAIC a déjà versé 1 500 $ de ses propres fonds pour lancer le programme et Madame Dhalwala espère que l’idée séduira de nombreux habitants de la région.

Un coup d’œil jeté aux portes des établissements mentionnés confirme que tout est prêt pour le lancement de l’opération, des patrons au personnel, déjà formés pour aider les personnes qui seront envoyées par MOSAIC.

« Les nouveaux arrivants ont besoin de notre aide plus que jamais, et offrir de bons repas, c’est aussi les aider à s’intégrer à la société plus facilement », précise Meeru Dhalwala.

Questionnée sur sa nationalité, elle prend quelques temps pour répondre et lâche enfin : « Je suis d’origine indienne, débarquée toute enfant aux États-Unis et j’habite maintenant au Canada… Ni indienne, ni américaine, ni canadienne, je suis une immigrante… ».

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