Février, le mois le plus court de l’année, avec ses hauts et ses bas, ne chôme pas. En peu de temps déjà (en fait depuis son arrivée) le mois se dépense sans relâche (malgré l’annulation de plusieurs festivals et autres festivités habituelles). C’est tout en son honneur. Pas question pour un paresseux de mon acabit de le critiquer. Loin de là.
Février en 28 jours tente d’accomplir ce que les autres mois cherchent à faire en 30 ou 31 jours (ce n’est pas parce qu’on est petit qu’on ne peut pas voir ou faire les choses en grand). Ce mois fait preuve d’un caractère exceptionnel : audace, courage, vaillance, résilience et détermination. Sachant cela, il est maintenant facile de comprendre, j’imagine, les raisons qui ont fait de février le mois consacré à l’histoire des Noirs depuis 1995 au Canada. Pourquoi nos gouvernements ont-ils attendu presque vingt ans avant d’emboîter le pas aux États-Unis (voir Gerald Ford, 1976) ? Question qui mérite d’être éclaircie.
Parlant de lumière : février, le mois éclair, regorge d’activités. Nombreuses célébrations à l’affiche. Jusqu’à présent nous avons fêté le nouvel an chinois (l’année du buffle; je ne bluffe pas), mais aussi la fête de la famille que nous n’avons pas pu passer en famille vu les restrictions qui nous sont imposées. Mardi gras et mercredi des Cendres (jour de pénitence, début du carême) se sont suivis sans anicroche à ce que je sache.
Tout a commencé par la Chandeleur (fête des chandelles) qui chaque année nous tombe dessus de manière régulière (le 2 février, 40 jours après Noël). À quoi sert la Chandeleur, fête aux origines païennes, récupérée en 472 de notre ère par le pape de l’époque qui en fit une fête religieuse chrétienne ? « À manger des crêpes », m’a répondu un profane épicurien peu familier avec les grandes fêtes liturgiques. Avec ou sans crêpes, la Chandeleur a sa raison d’être, m’a affirmé une de mes voisines qui continue de prier pour mon salut. Au Canada, en guise de crêpe, nous préférons nous crêper le chignon comme le font les différents partis politiques à propos de vaccins qui se font désirer. Je m’égare (une fois n’est pas coutume). Pour résumer, penaud, j’ai passé la journée de la Chandeleur à brûler la chandelle par les deux bouts en pensant faire des économies.
Il est quasi impossible de parler de février sans penser à la Saint-Valentin (autre emprunt à une fête, elle aussi païenne, de la Rome antique). Les années précédentes, le cœur toujours palpitant, sous l’effet d’un coup porté par Cupidon, j’avais pris l’habitude d’inviter ma dulcinée à un repas en amoureux dans un restaurant chic de la ville. Cette année, compte tenu des circonstances coronavirusiennes, nous nous sommes contentés d’un simple repas à la maison, agrémenté toutefois d’une petite bouteille de vin pétillant de l’Okanagan en guise de champagne (j’essaie de faire des économies) qui fit son effet et notre bonheur. Délicieux moment, sans masque, sans chichi, sans soucis. Une Saint-Valentin différente mais tout aussi appréciée, sinon plus.
Tout n’est pas rose et tout n’est pas cause de célébrations en février cette année (quel rabat-joie, vous devez penser). Le mois a connu quelques revers et des ratés. Souvenez-vous, le 1er février se présenta sous un mauvais jour. Au Myanmar (ex-Birmanie) la junte militaire s’est emparée du pouvoir après avoir dissous le parlement et arrêté Aung San Suu Kyi, chef du gouvernement depuis 2016. Un pas en avant, vingt faux-pas en arrière. Non pas que Aung San Suu Kyi soit une sainte comme on aurait pu le croire en 1991 lorsqu’elle reçut le prix Nobel de la paix. Le traitement et les exactions commises envers la minorité musulmane Rohingya sous son régime ne plaide pas en sa faveur. Ainsi du Myanmar (je me permets de le dire), y’en a marre. Y’en a marre de voir la démocratie bafouée. Y’en a marre de voir les minorités ethniques persécutées. Y’en a marre d’être quotidiennement les témoins d’une répression brutale envers ceux qui s’opposent au nouveau régime militaire. Myanmar (ou Birmanie, je ne sais plus), abandonnez vos sales manies.
Autre sujet de déception de ce court mois : l’échec du second procès en destitution de Donald Trump (nous le savions, on nous avait prévenus). Les sénateurs républicains, à l’exception d’une poignée d’entre eux, n’avaient pas l’intention de voter à l’encontre de leur ancien président. Une triste page de l’histoire des États-Unis vient d’être tournée. Donald Trump se représentera-t-il en 2024 maintenant qu’il en a la possibilité ? Cette éventualité, pour ceux qui s’opposent à ce démagogue fascisant, donne des frissons.
Voilà, février touche à sa fin. Mars nous attend. Partons donc, sans demander l’accord de la NASA, à sa conquête.