L’art pour panser les blessures de guerre

Tannis Koskela, gestionnaire du patrimoine à Coquitlam Heritage, revient sur l’exposition Civilian Impressions : Remnants of Conflicts (Impressions des civils : vestiges de conflits). Cette dernière offre une plongée dans le monde de l’art comme thérapie pour les victimes collatérales des conflits.

La guerre est un traumatisme sans nom et ses victimes civiles sont souvent laissées aux abois. L’art peut intervenir comme moyen crucial d’expression pour les victimes collatérales mais également pour les témoins de ces conflits, où qu’ils soient sur la planète.

L’exposition Civilian Impressions : Remnants of Conflicts a plus d’un an et demi mais elle reste pourtant d’actualité et intemporelle. En conjonction avec la Place des Arts, cette exposition en ligne permet de découvrir les œuvres de dix-huit artistes qui utilisent des supports très variés tels que la peinture (acrylique, huile), l’art graphique (graphite, stylo micron), les collages, l’art digital, l’art textile ou encore les animations.

L’art-thérapie

Tannis Koskela explique que la plupart des artistes exposés résident à Coquitlam et que cette exposition met en valeur la communauté : « Nous pensions qu’il était intéressant d’atteindre la communauté locale. Nous avons des personnes qui viennent d’endroits très différents et parfois de zones de conflit. C’est comme cela que nous avons contacté les artistes. »

Ces artistes ont des origines très variées et évoquent des conflits de diverses régions (Japon et Corée, Liban, Pays-Bas, Syrie, Iran, Pologne, Croatie, Afghanistan ou encore Italie).

Certains artistes sont également auteurs. C’est le cas de Nora El Najjar et Olga Campbell. Elles ont respectivement publié Life of a Promise et Graffiti Alphabet ainsi que A Whisper Across Time.

Crossing the Wire par Olga Campbell. | Photos de Coquitlam Heritage

« Personne n’a dit ouvertement que c’était de l’art-thérapie. C’est quelque chose de plus reconnu aujourd’hui mais dans certains pays, on n’en est encore qu’aux balbutiements. Mais les gens le font quand même », explique Tannis Koskela.

La gestionnaire invoque également les bénéfices de l’art dans ce contexte pour aider à exprimer des sentiments en utilisant un autre support que la parole. Externaliser ses peurs lorsqu’une personne a connu des dommages autant physiques que psychologiques peut être parfois plus facile par le biais d’un pinceau ou d’une œuvre.

Des programmes d’art pour les militaires

Civilian Impressions : Remnants of Conflicts s’ouvre sur une information étonnante : les programmes d’art des Forces canadiennes. Elles ont été les premières dans l’histoire à instaurer des programmes d’art dès 1916. Pendant les deux guerres mondiales, des hommes et des femmes ont été commissionnés pour documenter l’effort de guerre et le front, et ont créé plus de 2000 œuvres.

Les artistes qui documentent cette période viennent majoritairement de l’Europe selon Tannis Koskela.

« Il y a beaucoup d’artistes venant d’Angleterre, évidemment avec la Seconde Guerre mondiale », remarque-t-elle.

Voiceless Childhood par Nora El Najjar. | Photo de Coquitlam Heritage

L’exposition revient sur la capture artistique de la guerre par des artistes de 1877 avec Mabel May, jusqu’à 1957 avec Wyndham Lewis. Depuis 2001, le Programme d’arts des Forces canadiennes soutient les hommes et les femmes engagés pour retranscrire leur quotidien par le prisme de l’art.

L’écho dans l’actualité

Civilian Impressions donne la parole aux victimes directes mais également aux témoins des horreurs de la guerre, qu’elles aient vécu le conflit de façon directe mais aussi indirecte. Certains artistes ont choisi de s’exprimer sur la violence des images. Elle ouvre également le champ à toutes les sortes de conflits auxquels une personne peut faire face de façon directe ou indirecte.

Évidemment, ce moyen d’expression pour exorciser ses peurs prend tout à fait sa signification en ces temps de pandémie.

« L’exposition que nous avons faite cette année et que nous avons située à la Place des Arts, Capturing Moments, se centre sur des faits marquants dans la vie des gens. Beaucoup de personnes ressentent le besoin d’extraire ça de leur système », explique Tannis Koskela.

Coquitlam Heritage propose de nombreuses expositions sur la diversité et l’histoire de sa communauté afin que tous se sentent chez eux au Canada.

Pour visiter cette exposition et obtenir plus d’informations : www.coquitlamheritage.ca/civilianimpressions-gallery-works#artistpanel

Découvrez la discussion avec Candrina Bailey et les artistes : www.coquitlamheritage.ca/civilianimpressions-artistpanel-video