La rentrée arrive à grands pas, et le 7 septembre prochain, les 45 écoles du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) verront le retour de leurs élèves. Après une année scolaire pour le moins compliquée entre la pandémie, les gestes barrières, les cours à distance et restrictions en tous genres, le retour en présentiel est désormais acquis.
Karine Boily, directrice de l’éducation inclusive et bienveillante (le bureau en charge de la sécurité et du bien-être des élèves) nous explique que « l’année dernière, les élèves du CSF ont eu, en moyenne, 104 journées de cours de présentiel », ce qui les place parmi les élèves ayant reçu le plus de cours directement sur les bancs de l’école en 2020–2021 au Canada.
Des cours sur place
Pour cette rentrée 2021, même si le CSF est extrêmement bien équipé pour l’enseignement à distance (en mai 2020, Pascale Cyr, Chef, Affaires publiques du CSF, expliquait que la quasi-totalité des élèves étaient équipés de façon à pouvoir recevoir les cours à distance), les cours en ligne ne sont plus envisagés.
Pour Michel St-Amant, directeur général du CSF : « J’ai connu en leur temps les risques que faisaient courir le SRAS et le H1N1 mais la Covid-19 est de loin la situation la plus difficile à gérer de toute ma pratique »,
en se référant aux multiples mesures qui ont été prises, parfois dans leur globalité, souvent au cas par cas. Ainsi les élèves ont tour à tour suivi des enseignements à distance, subi un système de « cohortes » (une partie des élèves sur place, l’autre à la maison) sans compter les multiples alertes en cas de contamination. Dans cette priorité donnée aux retrouvailles en face-à-face entre les élèves et leurs professeurs, les règles sanitaires s’en réfèrent strictement aux recommandations officielles. Le 24 août les directives de la ministre de l’éducation de Colombie-Britannique Jennifer Whiteside et de la docteure hygiéniste en chef Bonnie Henry fixaient le port obligatoire du masque pour les élèves de la 4e à la 12e année en intérieur.
Karine Boily, dont le rôle est aussi de mettre en place les protocoles de prévention des maladies infectieuses, poursuit « les cours seront beaucoup donnés avec les fenêtres ouvertes. Nous avons de la chance du point de vue météo car les conditions ici ne sont pas les mêmes qu’au Québec même si nous recommandons à nos élèves de se couvrir un peu plus que d’habitude. Une des chances du CSF est d’avoir beaucoup d’écoles relativement isolées, où il est facile de pratiquer la distanciation sociale. (…) Nous allons également tenter de favoriser les classes nature car beaucoup de gens sont tannés des masques, mais il n’y a pas que les masques, l’hygiène des mains est également très importante. »
Encore aujourd’hui, le CSF reçoit de nombreux messages de parents d’élèves pro ou anti-masques qui tentent d’influencer les écoles pour qu’elles se rangent à leur point de vue. Pour gérer ces situations, la consigne est claire : renvoyer les plaintes et les demandes aux régies de santé publique locales.
La constante du manque de personnel
Autre défi plus récurrent pour le CSF, celui du recrutement des équipes. Qu’il s’agisse des enseignants, des surveillants ou du personnel technique, il reste, une semaine et demie avant la rentrée des classes, un peu plus d’une centaine de postes à pourvoir. Michel St-Amant explique que : « quand nous sommes partis en vacances fin juin, tous les postes importants étaient pourvus. À notre retour début août, de nombreuses personnes s’étaient désistées pour d’autres emplois ailleurs, parfois dans d’autres provinces, ou encore dans les écoles d’immersion francophone » (qui dépendent de conseils scolaires locaux comme le Vancouver School Board). Si des accords ont été trouvés avec ces dernières pour « partager » le temps d’enseignement de certains professeurs entre les établissements du CSF et les leurs, il n’en reste pas moins que le défi reste compliqué à relever. Pour y pallier, Michel St-Amant s’est tourné en partie vers le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) de l’Université Simon Fraser en leur ouvrant des postes destinés à l’enseignement au niveau provincial.
« C’est la même chose chaque année et dans chaque province », explique celui qui officiait auparavant en Ontario où il a connu le même genre de situation.
Une année marquée par la faible croissance du nombre des élèves
Chez les élèves, on note une légère augmentation de leur nombre par rapport à l’année dernière (6 522, soit une augmentation de 1,9%) mais le chiffre n’est pas définitif. En effet Michel St-Amant explique que « nous attendons encore des inscriptions à venir, surtout en maternelle car il arrive souvent que des parents s’y prennent tard, souvent parce qu’ils ne savaient pas qu’il y avait de la place dans les écoles du CSF », avant d’embrayer sur ce qu’il pense de la politique des chiffres : « Nous ne cherchons pas à attirer toujours plus d’élèves mais à procurer une éducation de qualité. Si la qualité est là, les gens viendront d’eux-mêmes pour inscrire leurs enfants dans nos écoles », précise-t-il.
« Notre objectif cette année est de créer un nouveau normal », déclare Michel St-Amant. Et Karine Boily de renchérir « l’ambiance de cette rentrée est très positive. Les élèves ont hâte de retrouver leurs amis qu’ils n’ont parfois pas vus depuis longtemps ». Reste à savoir si le nouveau normal va réussir à ne pas ressembler d’une certaine manière aux anciennes situations exceptionnelles.