Dernier rapport du GIEC sur le climat : L’Amérique du Nord est aussi avertie !

C’est avec ces mots suivants qu’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies a choisi d’accueillir le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC) : « J’ai vu de nombreux rapports scientifiques dans ma vie, mais rien de comparable à celui-ci. Le rapport du GIEC est un atlas de la souffrance humaine Près de la moitié de l’humanité vit dans la zone de danger. De nombreux écosystèmes ont atteint le point de non-retour. Une pollution carbonique débridée pousse inexorablement les populations les plus vulnérables vers la destruction. »

Ce deuxième rapport d’évaluation du GIEC dit « AR6 G2 » du 28 février s’intéresse aux impacts du changement climatique, ainsi qu’aux enjeux d’adaptation et de vulnérabilité.

Pour rappel, le climat s’est déjà réchauffé de 1,2 degré par rapport à l’ère préindustrielle du fait des activités humaines. Dans « AR6 G2 », le GIEC insiste sur l’importance à ne pas franchir le seuil de 1,5 degré afin d’offrir aux écosystèmes et aux humains « une chance de s’adapter à un climat qui change déjà », et qui change très vite.

Tour d’horizon des impacts déjà observés en Amérique du Nord

Les impacts négatifs du changement climatique portent sur tous les écosystèmes et toutes les sociétés humaines, à toutes les latitudes, et jusqu’au fond des océans ! Le chapitre 14 est consacré à l’Amérique du Nord.

Le climat est indiscutablement responsable des perturbations observées dans les écosystèmes terrestres et aquatiques, d’eau douce et salée. En conséquence, la structure des écosystèmes tout comme la biodiversité et les services écosystémiques (rendus gratuitement par la nature) sont menacés. Or le GIEC rappelle que la préservation des écosystèmes est la meilleure « police d’assurance » des humains face au climat.

De même, les sociétés humaines sont touchées. Des impacts sont observés au niveau de l’accès à l’eau des productions agricole et piscicole. En matière de santé tous les indicateurs sont allumés ! Les risques infectieux, de malnutrition, de santé mentale sont avérés. Les stratégies sanitaires d’adaptation à venir dans les prochaines années seront cruciales.

Les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures accusent déjà des coûts supplémentaires liés aux évènements extrêmes. Le rapport prévoit que les villes seront de plus en plus affectées par les inondations, les incendies ainsi que les mouvements de population. C’est l’habitabilité de certaines villes qui risque d’être compromise en Amérique du nord !

Des options d’adaptation et des questions

Devant ces constats, le GIEC livre dans son rapport une palette de réponses et d’options d’adaptation aux risques : digues, replantation des récifs coralliens, rechargement des plages en sable, villes vertes, ombragées et perméables, agroforesteries, systèmes d’alerte, technologies. À retenir : la liste des options s’amenuise à mesure que le temps passe et que la température augmente.

Cependant, pour l’Amérique du Nord les auteurs du GIEC dénoncent une importante barrière : la désinformation du public. Ce phénomène a déjà conduit à la politisation des sciences puis à l’inaction climatique et il pourrait continuer d’aggraver les retards dans l’adaptation – préviennent les auteurs. Le déni climatique ne fonctionne plus et il doit être combattu.

Le mot risque apparaît plus de dix mille fois dans ce rapport, de quoi s’interroger. Alors que les futures pertes écosystémiques, humaines ou économiques sont inacceptables, nos démocraties restent relativement imperturbables. Est-ce lié à un déficit de compréhension du risque ? Un excès de confiance ou une culture de court terme qui nous handicape ainsi ? Une chose est sûre, la nature des risques climatiques implique de penser l’adaptation au long terme voire sur plusieurs générations.

Justice climatique et autres idées d’avenir

Devant les efforts que l’humanité va devoir fournir pour le climat, le GIEC aborde largement la justice climatique. Très liée à la question des inégalités et des effets du colonialisme, la justice climatique porte courageusement la question de la répartition des efforts entre pays, entre individus et entre générations.

La justice climatique a une place centrale au sein des mécanismes sociaux et politiques de décisions dont nous avons besoin pour réussir un « développement résilient ». Tout reste donc à faire pour réduire les risques et éviter les souffrances humaines dénoncées par Antonio Guterres, gouverner de manière inclusive et à long terme, et préserver des relations internationales pour la paix.

Aloïs Gallet, juriste, économiste, co-fondateur d’Albor Pacific et EcoNova Education. Conseiller élu des Français.es de l’ouest du Canada.