L’art du collage pour réinterpréter le réel

L’évènement World Day Collage : Collage Party est l’occasion de ré-explorer le monde sous l’angle du collage, une activité qui n’est pas réservée qu’aux enfants. À vos ciseaux !

Photo de Richmond Art Gallery

Basé sur l’exposition d’Erdem Taşdelen, A Minaret for the General’s Wife, la Richmond Art Gallery propose d’explorer et d’échanger sur le collage entre adultes afin de revisiter et de ciseler sa réalité.

Ce médium artistique permet de rassembler différents éléments pour créer de nouvelles formes et de nouvelles façons de penser. Le personnel de la Richmond Art Gallery ouvrira sa vaste collection de matériel de collage pour animer cette soirée de collage pour adultes. Tous les matériaux seront fournis pour réaliser une carte postale, un ATC ou une œuvre d’art plus grande en collage.

Cette activité sera axée sur l’imagerie architecturale et d’archives pour réaliser des collages uniques. Le personnel de la galerie montrera comment utiliser des affiches, des photographies, des papiers décoratifs et des magazines découpés et déchirés pour créer de nouvelles œuvres d’art. Entre discussions et collages appliqués, une visite rapide et informelle de l’exposition à l’origine de cet atelier permet de découvrir le pouvoir et les possibilités du collage.

Le monde des rumeurs

L’artiste turc-canadien, vivant à Toronto, a choisi pour point de départ de cette exposition une curiosité architecturale peu connue, située dans la ville lituanienne de Kėdainiai. Construit en 1880 et restauré en 2007, ce minaret autonome de style ottoman, qui curieusement, n’a pas de mosquée rattachée, est actuellement situé dans le parc de la ville de Kėdainiai, dans le jardin d’un ancien manoir. Saisi de ses propriétaires originaux après une rébellion ratée de 1863 contre les Russes, le manoir fut finalement remis à un général de l’armée russe, Eduard Totleben, qui y construisit un minaret de 28 mètres de haut dans son jardin.

A Minaret for the General’s Wife par Erdem Taşdelen. | Photo de Richmond Art Gallery

Aujourd’hui, des répliques en plâtre de deux plaques de marbre interrogent sur les origines de cette construction. L’une de ces plaques comporte un texte en turc ottoman décrivant un palais construit par un souverain ottoman du XVe siècle et l’autre une inscription du Coran en arabe qui dit : « Qui peut intercéder auprès de Lui si ce n’est par Sa permission ? » Ensemble, ces plaques fournissent un contexte pour deux récits importants concernant la construction du minaret. La première est que la structure a été érigée comme un monument pour célébrer la victoire de la Russie dans la guerre russo-turque de 1877–78. La seconde histoire, plus romantique – que les habitants de la région considèrent avec tendresse – est qu’Eduard Totleben avait une femme turque de confession islamique pour laquelle il a construit une mosquée, dont il ne reste aujourd’hui qu’un minaret orphelin.

Découper pour mieux recoller

Dans A Minaret for the General’s Wife, le minaret devient une métaphore de ce sentiment particulier et puissant d’être corporellement déplacé, des structures construites dans des endroits où elles ne semblent pas avoir leur place, et des objets sortis de leur contexte – autrement dit, le déplacement, l’appropriation et l’extractivisme. Dans sa quête pour découvrir les origines du minaret de Kėdainiai, Erdem Taşdelen aborde ces tensions par le biais d’un ensemble de matériaux disparates et potentiellement liés, assemblant des miscellanées dans une toile de collage relationnel et spatial. Ensemble, ces éléments exposent et interrompent les connexions qui permettent la narration historique et, par cette tension, forgent un lieu où l’artiste suscite une multiplicité de lectures.

La Journée mondiale du collage du 14 mai est une initiative du magazine Kolaj. Cette célébration annuelle qui a lieu le deuxième samedi du mois de mai a démarré en 2018. Elle concerne les artistes qui se relient par-delà les frontières contre un contexte mondial d’isolement et de séparation. Ric Kasini Kadour, éditorialiste du magazine, souhaitait créer un évènement pour honorer cette communauté d’artistes et rappeler au monde à quoi ressemblent la coopération, l’entraide et la créativité.

Cet évènement gratuit se déroulera à la Richmond Art Gallery le 14 mai sur inscription, à partir de 16 ans. Le matériel sera fourni mais il est possible d’apporter ses ciseaux et sa colle.

Pour plus d’information visitez le : www.richmondartgallery.org