Dans un présent où il est parfois difficile de s’adapter ou de se réconcilier, l’exposition making peace, making waves de l’Access Gallery permet de se retrouver et de se reconnaître l’un dans l’autre, au-delà des différentes expériences sensorielles. Ouverte au public du 14 mai au 19 juin 2022, cette exposition de groupe permet de découvrir l’art en offrant un différent support dans une expérience multi-sensorielle. Les œuvres de Casey Koyczan, Aaron Leon, Frances Mendes Levitin, Alexis Simoneau et Salima Punjani proposent d’écouter, de toucher et de voir le vécu et les histoires quotidiennes des autres, sans jugement.
En utilisant différent médias, comme les enregistrements audio d’entrevues, mais aussi des oeuvres issues de la technologie vibrotactile, permettant de transformer l’énergie vibrationnelle du son sous une forme tactile. Par son art multisensoriel, Salima Punjani, elle-même atteinte de la sclérose en plaque, invite les personnes vivant des réalités sensorielles différentes comme les aveugles, les malvoyants, ou les personnes atteintes de surdité à découvrir le monde de la création artistique. Ces récits de la vie de tous les jours, qui ne sont ni polarisants, ni militants, sont au cœur du travail de l’artiste, qui y trouve un moyen pour que l’art aide aussi chacun à faire face à la pandémie. Sans pathos ni revendications, les œuvres de Punjani, comme celles des nombreux autres artistes exposés, invitent le public à s’arrêter, se reposer et s’intéresser à de nouveaux points de vue. « Je pense que l’art multi-sensoriel peut vraiment aider les gens à se rattacher à leur corps et à trouver des moyens de créer de l’empathie entre inconnus », avance l’artiste.
« Ces œuvres d’art tentent également de puiser dans quelque chose qui va au-delà de la simple représentation, de pouvoir canaliser ce qui nous rassemble », explique Katy O’Malley, commissaire d’exposition.
Accueillir
making peace, making waves est en cela une exposition porteuse d’espoir, tout en étant un espace reposant, rendant l’art accessible à tous. Les œuvres variées qui y sont présentées sont autant de mains ouvertes vers la beauté des moments simples de la vie dans lesquels tout le monde se reconnaît. L’exposition permet de se recueillir dans le calme, méditer au gré de la bande sonore qui l’accompagne et envisager la paix « comme étant la prochaine étape dans notre conversation culturelle » selon les mots de la commissaire d’exposition. La galerie comme les œuvres ont été conçues pour être accueillantes et inviter au dialogue. Pour Salima Punjani, ce travail multi-sensoriel a pour but d’accueillir dans des espaces artistiques notamment ceux qui seraient autrement oubliés ou qui ne seraient pas tenus en compte dans l’accessibilité et la conception de l’endroit et de l’exposition.
Pour donner la parole à ces personnes souvent mises de côté ou réduites au nom d’une maladie, l’artiste fait appel à différents sens, et crée de l’art à partir du vécu et des expériences individuelles. Dans un travail de réflexion autour de l’épanouissement de personnes vivant avec un handicap ou une maladie chronique, Salima Punjani a produit une série de portraits photo des personnes vivant avec la sclérose en plaque après leur avoir demandé comment elles souhaiteraient être vues. L’artiste a intégré à ce travail des Imageries par Résonance Magnétique (IRM) de cerveaux et cette superposition d’art, de subjectif à des images issues d’analyses médicales, permet de rappeler que derrière ces symptômes, ces données corporelles, se trouvent de véritables personnes qui se définissent au-delà d’un simple diagnostic.
Connexions
L’œuvre de Salima Punjani permet alors de donner plus de profondeur à ces portraits, de les rendre plus vivants et plus proches d’un public curieux. « Lorsque je vois les gens interagir avec mon travail, il ne s’agit pas seulement d’une histoire triste, mais d’une connexion, d’un réel sentiment… car il s’agit de données médicales mais qui ne sont pas utilisées pour créer une séparation. Elles sont utilisées pour créer un lien, ou idéalement pour susciter un environnement d’empathie et de relations », ajoute l’artiste, basée à Montréal. Et en créant cet espace de repos et de réflexion, où fleurit l’empathie et l’espoir, making peace, making waves et l’Access Gallery permettent à chacun d’accepter son propre récit et son propre ressenti comme une histoire à la fois subjective et universelle, valide même si elle est tue.
Plus d’informations sur : www.accessgallery.ca/programming/making-peace-making-waves