Mon grain de sel

L’actualité, d’où qu’elle vienne, quelle qu’elle soit, se prête toujours, selon moi, à des moments de réflexion indispensable. Chacun, à sa façon, a le droit d’y ajouter son grain de sel (Joseph Laquerre, notre caricaturiste à La Source, me pardonnera d’utiliser cette expression qui lui revient de droit). Ainsi j’ose vous livrer le fond peu profond de ma pensée sur quelques événements qui dernièrement ont attiré mon attention.

Les ballons espions : Vous êtes sans doute au courant, au ciel il se passe des choses pas très catholiques. À ma connaissance, l’Éternel n’a rien à voir dans cette affaire. Des ballons semblent se promener innocemment dans le ciel nord-américain avant d’être abattus par l’armée de l’air du Canada et des États-Unis sous le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD, pour les intimes). La Chine a reconnu son implication dans l’envoi d’un de ces dirigeables soi-disant météorologique qui aurait malheureusement dévié de sa trajectoire. Toujours le mot pour rire, ces dirigeants chinois. Avec eux, ces ballons ne manquent pas d’air.

« Des ballons semblent se promener innocemment dans le ciel nord-américain… » | Photo par Nescolet

Toujours est-il que j’ai failli avertir le ministère de la Défense, dernièrement, lorsque par mégarde mon filleul Jojo laissa s’envoler le ballon hélium que je lui avais remis à l’occasion de la célébration de son sixième anniversaire de naissance. Sachant qu’au ciel c’était l’enfer, nous avons tous été pris de panique. Craignant de déclencher un nouveau conflit mondial nous fûmes obligés d’abattre ce ballon, non pas avec un avion de l’armée de l’air, mais à l’aide des flèches de notre arbalète qui en principe devait servir pour la Saint-Valentin. Cupidon ne nous en a pas voulu. Au contraire, il fut ravi de nous rendre service ainsi qu’à la nation.

À bien y penser, ce n’est pas demain la veille que vous me verrez entreprendre un voyage en montgolfière. C’est bien trop risqué ces jours-ci.

Liaison dangereuse : Le maire de Toronto, John Tory a cru bon de donner sa démission après avoir admis qu’il avait entretenu une relation extraconjugale avec une employée de son bureau. J’avoue avoir été surpris par cette décision. Après tout il a trompé sa femme, celle à qui il doit rendre des comptes et non les électeurs, ceux sur qui il comptait pour sa réélection. Comme disait si bien Trudeau le père « l’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher de la nation ». En laissant ses instincts charnels le dominer, John Tory n’a pas commis, toutefois de crime ni même un péché mortel. Tout au plus, disons, une fois pris au filet, qu’il a commis un péché pas très mignon et qu’il a manqué de jugement comme il l’a reconnu. À mes yeux, seule sa famille immédiate a le droit de lui en vouloir.

Plutôt que de démissionner John Tory aurait eu tout à gagner en déclarant simplement « que le politicien qui n’a jamais trompé son conjoint me jette du premier balcon de l’assemblée ».

Protestations en masse : En France, sous l’impulsion des syndicats, le peuple manifeste contre la réforme des retraites qu’entend mener le gouvernement français de monsieur Macron leur président qui se dit ni de droite ni de gauche. En somme, il est nulle part sinon au centre du mécontentement général. À observer la situation telle qu’elle se présente, je ne m’avance pas trop en préconisant que les syndicats, à ma connaissance, ne sont pas près de battre en retraite.

En Israël, par contre, Netanyahou est bien de droite, même d’extrême droite si on se fie à la composition de son gouvernement. Il doit lui aussi faire face à des manifestants qui ne lui veulent pas du bien. Bibi, surnommé ainsi par ses partisans, a l’intention de faire passer une loi qui donnerait la priorité au pouvoir exécutif sur le pouvoir juridique. Ça passe mal. La démocratie serait en danger selon les opposants à son régime, d’autant plus qu’on soupçonne le premier ministre israélien de faire passer ses intérêts personnels avant ceux de la nation. Netanyahou, en effet doit faire face à la justice pour des questions de fraude et de corruption. Un tel changement constitutionnel lui conviendrait tout à fait. Sacré Bibi, il n’en manque pas une.

Pour ma part, observant l’ardeur de ces foules de manifestants en Israël, j’aimerais aussi les voir sortir dans la rue avec la même intensité et la même détermination lorsque le gouvernement israélien commet des injustices envers les Palestiniens dans les territoires occupés.

Voilà c’était mon petit grain de sel. J’aurais aussi pu m’attarder sur les quatre chars de combat Léopard 2 donnés à l’Ukraine par le Canada. Un tel geste de générosité devrait mettre Poutine aux abois. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas leur envoyer nos sous-marins d’occasion et une dizaine d’arquebuses qui doivent traîner dans un de nos musées.