La populaire émission « L’Épicerie », diffusée à la télévision de Radio-Canada, a célébré en juin dernier sa millième émission. Depuis vingt et un ans, cette émission n’a cessé d’intéresser des centaines de milliers de téléspectateurs à travers le pays. Quelle est sa formule à succès et comment a-t-elle évolué pour se hisser, à une certaine époque comme l’émission d’affaires publiques la plus écoutée au sein des réseaux français et anglais de la Société Radio Canada? La petite histoire de cette émission se souviendra de son premier réalisateur, Mario Hinse qui a été aux commandes de l’émission pendant douze ans. Ce réalisateur a fait ses premières armes en information à la station française de Radio-Canada à Vancouver.
Marc Béliveau, IJL- Réseau-Presse – Journal La Source
Mario Hinse, premier réalisateur de L’Épicerie a accepté de revenir sur la création de cette émission, de l’heureuse formule qui a fait son succès, en plus de son parcours journalistique en milieu francophone hors Québec, et de son passage de Vancouver à Montréal, à une période où il était difficile pour un journaliste, travaillant en région, d’accéder à des émissions nationales. Propos recueillis.
Quel défi à relever que celui de préparer une émission-pilote qui allait devenir l’émission L’Épicerie?
En effet, la direction de Radio-Canada avait demandé de lui soumettre dix nouvelles propositions d’émissions, dont l’une sur l’alimentation. J’ai travaillé à la préparation de l’émission-pilote sur L’Épicerie et cette proposition a été retenue. En amont, nous avions consulté l’Institut de l’Hôtellerie du Québec et la Faculté sur la nutrition de l’Université Laval. Nous voulions réaliser une émission des plus informatives sur l’alimentation et pouvant captiver les téléspectateurs.
En l’espace de deux mois, nous étions en ondes. La formule à succès d’alors n’a pas tellement changé. L’émission dépend de recherchistes érudits, les équipes de tournage jouissent d’une grande autonomie, du coup, entraînant un regain de motivation. De plus, l’émission était scriptée du début à la fin, à l’image de l’émission « 60 minutes » aux États-Unis. En fait, on s’est inspiré des plus hauts standards de production en télé. et cette approche est toujours en cours aujourd’hui.
Côté gestion de l’émission, on avait d’excellents animateurs, en plus d’offrir des chroniques variées à notre auditoire. On traitait de la chimie des aliments, de la cuisine ethnique et de l’analyse des meilleurs produits sur le marché, par exemple, le meilleur achat d’une machine à café expresso de moins de 400.00 $. La tendance de l’époque favorisait les repas à la maison. L’émission a contribué sciemment à valoriser le savoir et les talents culinaires de notre auditoire. Elle a permis également à mieux faire connaître le travail des nutritionnistes.
Vous avez travaillé une dizaine d’années à la station régionale CBUFT-TV de Vancouver, quel souvenir en gardez-vous?
Une expérience unique qui m’a fait découvrir des réalités insoupçonnées de la société canadienne, son histoire et sa diversité culturelle. J’ai fait la couverture de l’exposition internationale EXPO 86. Grâce à mon séjour sur la côte ouest, j’ai acquis une nouvelle perspective sur le monde. Et de Vancouver, c’est aussi l’ouverture sur l’Asie.
Journaliste à la salle des nouvelles, j ’ai appris les rudiments du métier, c’est-à-dire savoir écrire clairement et simplement et respecter les heures de tombée. Quelle chance aussi, j’ai contribué de Vancouver à l’émission de radio nationale « The Arts Report » réalisée à partir de la CBC à Toronto. Cet intérêt personnel pour les arts et la culture m’a servi de porte-clés.
Votre retour vers le Québec s’est fait par le biais de la CBC ?
Effectivement, une fois dans le giron de la CBC, j’ai accepté le poste de chroniqueur culturel pour l’émission «City Beat » à CBC Montréal. Étonnamment, je faisais le pont sur le plan culturel entre les deux principales communautés linguistiques de la métropole québécoise. Et quand l’émission s’est éteinte, faute de budget, j’ai passé à l’émission « La Facture » à Radio-Canada. En somme, un retour au Québec effectué en douce. De mon parcours professionnel, qui m’a mené d’est en ouest et dans les deux langues officielles, je me souviens de l’audace et du plaisir de ne jamais craindre les nouveaux défis.
Pour plus d’information: https://ici.radio-canada.ca/tele/l-epicerie/site