Une percée notable en gain linguistique en français a été annoncée le 5 janvier 2024 par le gouvernement de la Colombie-Britannique pour les populations francophones de la province. En effet, Victoria vient d’élaborer une politique en matière de services en français qui aidera ses ministères à améliorer les services offerts aux personnes d’expression française de la province. Afin d’y arriver, un plan de mise en œuvre de la nouvelle politique sera préparé en collaboration avec des partenaires francophones. Cette politique entrera en vigueur le 1er avril 2024 et sera régulièrement réévaluée.
Cette décision gouvernementale marque d’une certaine façon la fin d’une très longue attente pour les francophones de la C.-B. Et cette acceptation, du coup, permet à la Colombie-Britannique de rejoindre finalement les autres provinces anglophones au pays qui avaient, depuis belle lurette, franchi ce cap de reconnaissance en matière de services offerts à leurs populations d’expression française.
À noter que cette nouvelle politique en matière de services en français permettra d’accroître graduellement la capacité du gouvernement à offrir des services aux francophones de toute la province, en fonction des besoins et des ressources disponibles. Elle lui permettra aussi d’accroître ses activités de collaboration et d’échange avec les francophones résidant en Colombie-Britannique afin que leurs besoins soient mieux intégrés dans l’élaboration de programmes, de politiques et de services.
Pour Victoria, c’est un pas positif vers l’augmentation de la capacité de la province à interagir avec sa population d’expression française
« La Colombie-Britannique était jusqu’à maintenant la seule province au Canada qui ne s’était pas dotée d’une politique d’ensemble sur les services en français, alors qu’elle offre de l’information et des services en français aux nombreuses personnes qui y résident, a déclaré Adrian Dix, ministre de la Santé et ministre responsable des affaires francophones. Cette nouvelle politique est un pas positif vers l’augmentation de la capacité de la province à interagir avec sa population d’expression française et à lui offrir des services. L’amélioration de la coordination et de l’accès à l’information et aux services en français permettra aussi de contribuer à la vitalité de la francophonie provinciale et canadienne. »
À l’occasion de cette grande annonce, le gouvernement de la Colombie-Britannique en a profité pour rappeler que le français et l’anglais sont inscrits dans la Constitution canadienne et que la langue française fait partie intégrante de l’identité et de la diversité linguistiques de la Colombie-Britannique.
« Offrir de l’information et des services gouvernementaux en français est une composante essentielle de l’approche de la province afin d’améliorer l’accessibilité pour toute la population britanno-colombienne, a poursuivi le ministre Dix. Notre gouvernement vise à éliminer les obstacles et à être plus inclusif afin que les francophones puissent jouer un rôle actif dans le développement social, culturel et économique de notre province. »
La réaction de la Francophonie institutionnelle provinciale à la suite de l’annonce de Victoria
En réaction à l’annonce de Victoria, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), dans un communiqué publié le même jour, a souligné son appui en amont à cette initiative qui a pu mener à la décision du gouvernement d’élaborer cette politique des services en français à l’échelle de la province.
Selon la Fédération, bien que les autorités provinciales n’avaient pas l’obligation d’aller de l’avant avec cette initiative, car la politique est destinée aux fonctionnaires, Victoria a proposé, malgré tout, à la FFCB de lui soumettre ses rétroactions. « Cette politique concerne le gouvernement et ses fonctionnaires. Pourtant, ils ont eu la courtoisie de nous partager l’avancée de leurs travaux, et de tenir en compte certaines de nos contributions », fait savoir Marie-Nicole Dubois, présidente par intérim de la FFCB.
En revanche, la FFCB précise qu’elle aurait certes préféré un texte ayant une portée plus importante, avec notamment des obligations fermes pour les fonctionnaires. Néanmoins, elle réagit favorablement à cette annonce qui constitue une avancée qui se concrétisera, espère-t-elle, par des actes ayant des retombées positives pour les communautés francophones de la Colombie-Britannique.
En somme, Marie-Nicole Dubois indique que la FFCB reste convaincue que c’est un pas dans la bonne direction sur une route ayant des balises avec des échéances régulières qui permettront de mesurer de façon tangible l’impact dans le temps de cette nouvelle politique.
La Francophonie en Colombie-Britannique en chiffres
Pour rappel, plus de 328 000 personnes de la Colombie-Britannique (soit 6,6 % de la population de la province) peuvent tenir une conversation en français, ce qui fait de la Colombie-Britannique la troisième province comptant le plus de personnes qui parlent français, après le Québec et l’Ontario.
Il est important de noter que plus de 76 000 personnes, soit 1,5 % de la population de la province, parlent régulièrement français à la maison. Qu’environ une personne immigrante sur 25 peut tenir une conversation en français. Que près des deux tiers des résidants de la Colombie-Britannique qui avaient le français comme seule première langue officielle parlée en 2021 sont nés au Canada, mais à l’extérieur de la Colombie-Britannique.
Finalement qu’au cours des 10 dernières années, les inscriptions au cours d’immersion française ont augmenté de 7 % et les inscriptions au Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique ont augmenté de 23,6 %.