Quel bonheur ! Le printemps est là, les beaux jours s’en viennent, les cerisiers japonais reprennent vie, personne ne nous bombarde ou nous massacre et les Canucks de Vancouver n’arrêtent pas de nous étonner. Impossible de demander mieux si vous faites omission des calamités qui quotidiennement assaillent notre planète.
L’idée de parler du bonheur ces jours-ci est peut-être mal placée mais elle n’est pas anodine. Elle fait suite au récent rapport mondial sur le bonheur, publié dernièrement en collaboration avec les Nations-Unies. Basé sur un sondage tenu auprès de différents individus dans le but de juger le taux de satisfaction qu’ils éprouvent envers leur qualité de vie, ce rapport établit un classement de 143 pays consultés pour l’occasion. Cet exercice n’est ni plus ni moins que le championnat du monde du bonheur.
Résultat : la Finlande, en terminant première se mérite la médaille d’or. Elle est suivie, dans l’ordre, par le Danemark, l’Islande, la Suède et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Israël (Je me demande si les arabes-israéliens ont été consultés lors de ce sondage effectué avant les massacres du 7 octobre 2023 et les terribles représailles dans le territoire de Gaza).
Nous, Canadiens, occupons maintenant le quinzième rang. Nous avons ainsi reculé de deux places par rapport au classement précédent. Rien d’alarmant car nous sommes les plus heureux parmi les pays du G7.
Les pays qui dominent ce classement ont une chose en commun : ils sont généralement petits et leur population ne dépasse pas les 15 millions d’habitants. Ils sont dans l’ensemble bien nantis. Sachant cela je me demande si ce serait une bonne idée pour la Colombie-Britannique d’essayer d’obtenir sa souveraineté afin de briguer une place d’honneur (pourquoi pas le podium) dans ce classement dédié au bonheur. La province, qui compte cinq millions et quelques habitants, devrait y penser sérieusement. Bien qu’utopique cette idée pourrait faire son chemin.
Il ne faut surtout pas conclure pour autant qu’il suffit d’être petit pour être heureux. D’autres facteurs entrent en ligne de compte pour déterminer le droit d’accès au bonheur. Le PIB par habitant, le soutien social, l’espérance de vie, la liberté, la générosité et la perception de la corruption sont les critères d’évaluation de ce sondage.
La première de ces conditions m’intrigue. Si le PIB d’un individu doit être pris en considération, lors de l’évaluation du bonheur, ceci fait voler en éclat le populaire adage « l’argent ne fait pas le bonheur ». De toute évidence ne pas en avoir limite dangereusement vos chances de vous épanouir. Comprenez bien toutefois qu’en aucune façon je tiens à faire l’apologie du capitalisme. Ce dernier se débrouille malheureusement trop bien sans moi et je n’hésite jamais, quand l’occasion se présente, à lui mettre des bâtons dans les roues. Tout ça pour dire : si vous voulez avoir droit au bonheur un minimum de deniers s’impose.
Dans l’ensemble je dois admettre que le recul de notre classement dans la hiérarchie du bonheur ne me déçoit pas outre mesure et surtout il ne me préoccupe en aucune façon. Non, ce qui me titille plutôt c’est de savoir ce que l’on entend par bonheur. Que veut-on dire ? Pas philosophe pour un sou et ne pouvant, par paresse chronique, me rendre à la bibliothèque, je me suis permis de Googler à outrance dans l’espoir de trouver la meilleure définition du bonheur. Ce ne fut pas facile. Il faut vous lever de bonne heure si vous tenez à vous faire une idée de ce qu’est le bonheur. Les définitions et citations sur le sujet ne manquent pas. Afin de vous faciliter la tâche et vous éviter de perdre votre temps à faire votre propre recherche sur le sujet, je vous présente en quelques mots un bref résumé de ce que j’ai retenu et pu glaner suite à mon enquête.
Le bonheur, si j’ai bien compris, est un état d’esprit bienfaisant qui dure et s’étale dans le temps. Il vous comble de plénitude et de satisfaction. (Mais qu’est-ce qu’il attend pour frapper à ma porte ?) C’est aussi un équilibre de l’esprit et du corps d’où la souffrance, le stress, l’inquiétude et le trouble sont absents. (Vous m’en direz tant). Face à cette troublante définition j’invoque, parce qu’elle m’amuse et me remonte le moral, une boutade attribuée à Voltaire, qui dit : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ». C’est simple, direct et malicieux.
Ne voulant pas être en reste devant tant de sagesse je me suis senti obligé de créer ma propre maxime : « Je vais tout faire pour que vous soyez heureux car votre bonheur fait mon bonheur ». Voilà, je fais ce que je peux. À la bonne heure.