Entre déchets industriels et plastiques résidentiels, la Colombie-Britannique mise sur des régulations et des projets locaux pour lutter contre la pollution plastique.
La pollution plastique est une problématique mondiale. Ce 25 novembre, à Busan, en Corée du Sud, 175 pays prévoyaient de se réunir pour finaliser un traité contre cette menace. Ce cinquième cycle de négociations vise à fixer des règles globales pour réduire l’impact des plastiques, notamment dans les océans.
En Colombie-Britannique, des initiatives locales existent déjà. Ocean Legacy Foundation s’attaque aux déchets marins en recyclant les plastiques récupérés en mer. Recycle BC, pour sa part, se concentre sur les déchets plastiques résidentiels dans le cadre de la Responsabilité Élargie des Producteurs (REP). Ces efforts soulèvent une question importante : comment gérer efficacement les déchets industriels, qui représentent une grande partie de la pollution locale ?
Les déchets industriels : le talon d´Achille du recyclage
En avril 2024, le gouvernement de la Colombie-Britannique a discuté d’une extension des programmes de recyclage pour inclure les déchets des « non-résidents » : ceux produits par les écoles, petites entreprises et commerces. Actuellement, ces déchets ne sont pas couverts par la REP, une réglementation qui oblige les entreprises à prendre en charge leurs emballages jusqu’à la fin de leur cycle de vie.
Cette évolution est urgente. Selon Ocean Legacy, 74 % des déchets plastiques collectés sur la côte ouest de la province proviennent de sources industrielles. Ces déchets, souvent liés à la pêche, à l’aquaculture ou à d’autres activités maritimes, polluent gravement les eaux et les plages.
Ocean Legacy travaille déjà avec ces industries. Chloé Dubois, co-fondatrice de l’ONG, insiste sur leur intérêt à protéger les océans : « Ces secteurs dépendent de la santé des océans. Ensemble, nous devons trouver un équilibre entre exploitation et préservation. »
Ocean Legacy : recycler les plastiques marins
Ocean Legacy ne se limite pas à ramasser les déchets marins. Très vite, l’organisation a développé des infrastructures pour recycler les plastiques collectés. « Il serait incohérent de retirer des déchets des océans pour ensuite les enfouir dans la terre », souligne Chloé Dubois.
Les matériaux récupérés sont transformés en produits comme des matériaux de construction ou des seaux à compost. En 2021, l’ONG a collecté plus de 200 tonnes de plastiques sur la côte centrale de la province en seulement quelques semaines. Ce chiffre équivaut à cinq ans de déchets dans une décharge classique.
Avec sept dépôts répartis en Colombie-Britannique, Ocean Legacy recycle jusqu’à 90 % des plastiques collectés lors de ses campagnes de nettoyage.
Recycle BC : au service des déchets résidentiels
Recycle BC applique, depuis dix ans, le principe de la Responsabilité Élargie des Producteurs. Ce système oblige les entreprises à financer la gestion des emballages qu’elles mettent sur le marché.
L’organisation dessert plus de 99 % des ménages en Colombie-Britannique. Elle collecte les plastiques résidentiels, les trie et les transfère vers des dépôts locaux. Ce modèle favorise un circuit court pour réduire l’impact environnemental du recyclage.
Récemment, Recycle BC a investi dans des solutions pour recycler les plastiques flexibles, comme les sacs ou les pochettes alimentaires. Ces matériaux, regroupés dans une catégorie unique, sont désormais plus faciles à transformer. Cependant, ce type de recyclage n’est pas encore accessible directement depuis les foyers : les résidents doivent les déposer dans des centres spécifiques.
Malgré ces avancées, des lacunes subsistent. Les déchets des petites entreprises et des commerces ne sont pas encore inclus dans le programme. Recycle BC a été consultée cette année sur la possibilité d’étendre la REP à ces secteurs. En parallèle, l’organisation poursuit ses efforts de sensibilisation pour inciter les citoyens à mieux trier leurs déchets.
L’éducation : clé d´un changement durable
Pour Ocean Legacy comme pour Recycle BC, l’éducation est cruciale. Les deux organisations proposent des outils pédagogiques pour aider les résidents à comprendre et à gérer leurs déchets plastiques.
Recycle BC offre une application mobile, organise des ateliers dans les écoles et lance des campagnes de sensibilisation. Ocean Legacy, quant à elle, informe sur les impacts de la pollution marine et milite pour plus de transparence sur les matériaux plastiques.
« Une population mieux informée peut adopter des comportements plus responsables, tout comme les entreprises, qui doivent repenser leurs pratiques », souligne Chloé Dubois.
Un avenir sous surveillance
La Colombie-Britannique avance, mais des défis restent à relever. L’interdiction des plastiques à usage unique, comme les pailles et les sacs, est une avancée notable. Mais d’autres déchets, comme les mégots de cigarette et les microfibres de polyester, nécessitent des politiques adaptées.
De plus, la gestion des déchets industriels et la contamination des matériaux recyclés demandent des efforts concertés. Une meilleure collaboration entre gouvernements, entreprises et citoyens sera indispensable.
Alors que le monde attend les résultats des négociations de Busan, les exemples d’Ocean Legacy et Recycle BC montrent que des solutions concrètes existent. Ces initiatives prouvent qu’un avenir avec moins de pollution plastique est possible, à condition de responsabiliser tous les acteurs.
Pour connaître les options de recyclage près de chez vous, visitez Recycle BC www.recyclebc.ca