L’exposition photographique qui vient d’ouvrir ses portes à la galerie Lumen de Vancouver est plutôt surprenante. En effet, toutes les photos exposées ont été prises avec un téléphone portable. S’agit-il d’une nouvelle étape franchie dans l’expression photographique ? Pour le savoir, nous sommes allés à la rencontre de l’artiste Jeff Weddell et le galiériste Emmanuel St Juste.
Trois thèmes pour une approche nouvelle
Emmanuel St Juste aime être surpris par la virtuosité des artistes dont il choisit d’exposer le travail. Le moins que l’on puisse dire de sa dernière trouvaille, c’est qu’elle interpelle de par son originalité : « J’ai trouvé que Jeff Weddell apportait quelque chose de nouveau à des thèmes plutôt classiques comme les paysages, les fleurs ou les œuvres abstraites. »
Dans la partie de l’exposition relative aux paysages, l’artiste revisite des endroits connus comme Trout Lake, Stanley Park ou Jéricho tout en y apportant une touche tout à fait personnelle et nouvelle. Dans la série sur les fleurs, il cherche à capter ce qui est invisible à l’œil nu en positionnant une loupe entre son iPhone et la fleur et en utilisant le noir et blanc, la couleur saturée ou encore le sépia. Enfin, pour la troisième série, il a acheté une fleur devant laquelle il passait et l’a ramenée chez lui, pour la mettre dans un vase. S’ensuit l’autopsie de la nature morte et l’exploration de sa relation avec le vase jusqu’à faire tomber son portable dedans ! Ca n’était pas prévu, mais avis aux éventuels imprudents, ça sèche bien !
Rencontre entre la technologie du 21ème siècle et les débuts de la photographie
Curieusement, ces photos ont un aspect intemporel, bien loin des technologies ultra modernes utilisées pour les réaliser. Après la surprise de l’appareil utilisé, l’iPhone 3, une autre surprise attend le visiteur, celle du mélange d’une vision nouvelle et de quelque chose qui se rappor-terait plutôt aux photos de nos arrières grands-parents, à la fin du 19ème siècle : « Ça me rappelle ce très beau livre français par lequel j’ai découvert la photographie, il y a une trentaine d’années, et qui traitait des autochromes ».
Le galiériste fait ainsi référence au charme désuet du procédé inventé par les frères Lumière pour restituer les couleurs, au début du 20ème siècle.
Le photographe utilise beaucoup la lumière naturelle et fait relativement peu de post-production sur ses photos. Mais sa maîtrise des outils numériques transparaît justement par le fait qu’il fait oublier la technologie et rappelle plutôt le travail d’un peintre sur sa toile.
De la fleur au vase
« Après avoir monté l’exposition, je me suis dit qu’il y avait finalement trois thèmes abordés : la vie avec la série des paysages, la beauté avec la série des fleurs, et le vieillissement et la mort avec la série du regard vers l’intérieur look within où la beauté se dé-sagrège et devient une beauté morte, une nature morte ! »
Cette dernière série explore l’interdépendance entre le vase et la fleur. Le vase qui permet à la fleur de s’épanouir et qui recueille également son dernier souffle…
Jeff Weddell a fait de la photo toute sa vie avant de l’enseigner au Collège Langara. Il a été assistant photo dans la mode dans les années 80 (Ronnie Smith est un de ses photographes préférés). Il est également photographe de plateau sur des productions cinématographiques qui se tournent à Vancouver : « Quand je me rendais à la salle de gym, je me disais qu’il y avait quelque chose qui valait la peine d’être exploré dans les rencontres fortuites que je pouvais faire avec une fleur ou un paysage. C’est ce que permet de faire le téléphone portable : du fait qu’on l’ai toujours avec soi, on peut être ainsi très spontané. »
Quand on l’interroge sur les réactions des gens lorsqu’ils apprennent qu’il a utilisé son téléphone portable pour réaliser cette exposition, il réplique :
« l’art est fait pour susciter une réaction de toute façon ! »
Jusqu’au 12 novembre
à la Galerie Lumen
Centre Commercial
du Village International
88 W Pender – 2ème étage.
www.lumengallery.org
Agenda
Des artistes au service de la nature
Du 13 au 21 octobre 2012
Grouse Mountain Resort
6400 Nancy Greene Way, North Vancouver.
Prix inclus dans l’admission à Grouse Mountain
festival.artistsforconservation.orgLe deuxième festival de l’AFC (Artists For Conservation) à Vancouver Nord propose un programme extrêmement varié. Quatre-vingt-dix œuvres seront à découvrir, issues de ce vivier de 500 artistes internationaux au service de la préservation de la faune et de la flore. C’est ainsi que des sujets aussi divers que la préservation des côtes vancouvéroises sur lesquelles planent le projet de construction d’un oléoduc, la sauvegarde des gorilles en Afrique ou la découverte des merveilles de l’Artique seront abordés par le biais de documentaires. Des artistes de l’AFC feront des démonstrations de leur art et donneront des conférences pour montrer comment il est impossible de séparer l’artiste de l’intérêt qu’il porte aux merveilles de la nature qu’il dépeint.
* * *Théâtre virtuel : The Zombie Syndrome
5 spectacles par jour du 13
au 31 octobre dans les rues de Vancouver
de 25$ à 35$
www.thevirtualstage.org/zombiesLe théâtre entre dans une nouvelle ère et se dématérialise avec la scène virtuelle (the virtual stage). Cette nouvelle forme de spectacle interactif incorpore des technologies telles que l’animation numérique et le son digital. Un téléphone portable est requis pour participer à l’aventure, dont le lieu est tenu secret jusqu’au dernier moment. Saurez-vous trouver le laboratoire secret afin de déjouer les projets diaboliques d’un scientifique, avant que les zombies ne vous rattrapent.