Les plantes sur le chemin de la spiritualité ?

Photo par Kitsune aka Cettie

Une mauvaise herbe est une plante dont on n’a pas encore trouvé les vertus. » Non dénué d’humour, ce trait d’esprit n’est pas sorti de la bouche d’un habitant de Commercial Drive mais de la plume de Ralph Waldo Emerson, philosophe et essayiste américain du XIXème siècle. Deux cents ans plus tard, c’est de ces supposées vertus sur l’esprit dont souhaite parler Stephen Gray lors de la conférence Spirit Plant Medicine qui se tiendra à UBC du 26 au 28 octobre. En compagnie d’une quinzaine de guides, visionnaires et guérisseurs venus du monde entier, Stephen, enseignant-chercheur sur le sujet, livrera son expertise sur l’utilisation de plantes à l’image controversée comme le cannabis, les champignons hallucinogènes, le peyotl, l’iboga ou encore l’ayahuasca. Parfois sacrées et utilisées depuis des millénaires, notamment au cours de rituels, ces plantes verraient actuellement leur consommation progresser dans un souci de spiritualité. « Dans cette période de changements rapides, l’appel au réveil individuel et collectif est clair », explique Stephen. « Il s’agit de tout sauf d’une coïncidence si l’utilisation de ces plantes se développe rapidement aujourd’hui et notre intention est donc d’offrir une information précise qui puisse être avantageuse. »

La spiritualité oui, la défonce non

Le cheminement vers une quête de soi par la consommation d’enthéogènes s’est développé à partir des années 60 dans les sociétés occidentales, donnant notamment naissance à la période psychédélique dont Stephen Gray souhaite s’éloigner : « Il s’agissait souvent plus d’une recherche de sensations extrêmes que d’une véritable intention. Certaines personnes n’auraient jamais dû utiliser des substances aussi puissantes dès le début, sans la vigilance éclairée de guides compétents. Finalement, la réaction libertaire contre le matérialisme s’est avérée mal faite car il y avait beaucoup d’idéalisme et trop d’expériences irresponsables. »

Pourtant, l’auteur de Returning to Sacred World continue de militer en faveur de l’usage de ce type de plantes. « Bien utilisées, elles ne sont pas des drogues mais plutôt des remèdes qui peuvent représenter des guides très efficaces pour nous conduire vers la vérité, qui plus est en des temps difficiles pour l’avenir de notre planète. » En attendant la conférence, Stephen donne même quelques conseils sur le moyen efficace de consommer ces végétaux : « L’utilisation de plantes se combine très bien avec une pratique spirituelle comme la méditation par le biais d’un travail sur la respiration. Elles ouvrent alors les portes pour vous reconnecter avec vous-même et la réalité, sans chercher une quelconque évasion des responsabilités.»

Que dit la science ?

Stephen Gray. Photo par www.spiritplantmedicine.com

Peu de conclusions scientifiques existent aujourd’hui sur le sujet pour la simple raison que les expériences apparaissent difficilement réalisables. Prompte à mesurer les effets d’une substance sur le corps, la science peine à déterminer ce que les plantes peuvent avoir comme conséquence sur l’esprit. « La science n’est pas vraiment équipée pour ce genre d’analyse », commente Stephen avant d’ajouter : « La meilleure chose à faire pour les scientifiques dans ce domaine où ils n’ont pas d’outils de mesure est de demander aux gens comment ils se sentent affectés. Comment peut-on mesurer l’amour, la sagesse ou le bonheur autrement qu’en interrogeant les gens ? »

Alors que les recherches sur le sujet ont été rendues illégales pendant des décennies du fait des problèmes liés au LSD, différentes études montrent tout de même les effets bénéfiques que peuvent avoir certaines de ces plantes. Ainsi, le LSD a été l’objet d’un intérêt scientifique majeur dans les années 50. Les travaux du psychiatre tchécoslovaque Stanislav Grof débutés en 1956 ont d’ailleurs abouti à l’idée que certaines psychoses peuvent être solutionnées par l’utilisation de produits psychédéliques. Plus proche de nous, une étude menée récemment à l’Université Johns Hopkins de Baltimore a expérimenté l’usage de la psilocybine, principe actif de certains champignons hallucinogènes, sur des volontaires en parfaite santé. La quasi-totalité d’entre eux a décrit ce moment comme la plus intense expérience spirituelle de leur vie. Une condition que vous vivrez peut-être prochainement… à condition d’être bien informés.

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Spirit Plant Medicine
Conference Batiment Buchanan, classe A101, 1866 Main Mall, UBC, Vancouver
26 à 28 octobre
Pour plus d’informations sur les tarifs et l’événement :
604-435-5555 ou spiritplantmedicine.com