Si vous cherchez une messe en français à suivre pour Noël, cette année encore elles ne se bousculeront pas à Vancouver ! Dans un environnement pourtant bilingue, où la pratique de la religion catholique en général a tendance à augmenter, l’expression du catholicisme en français décline… mais ne s’éteint pas.
Un changement dans la pratique en français
La communauté francophone s’est d’abord construite autour de ses églises à Vancouver et sa région. Emilienne Bohémier, paroissienne depuis 30 ans à Notre-Dame de Fatima à Coquitlam, nous raconte comment dès le début du 20e siècle Maillardville a développé son quartier francophone autour de ses paroisses Notre-Dame de Lourdes et Notre-Dame de Fatima, devenant alors le « cœur francophone » de Coquitlam. A l’époque, la communauté était très vivante au point de vue de la francophonie. « C’était comme un immense village francophone, avec des écoles françaises, la célébration de nombreuses premières communions, processions, et des bals populaires », nous raconte Emilienne. Les francophones d’alors étaient tous catholiques et l’Eglise placée au cœur de la communauté.
Depuis, la pratique de la religion a changé. « Quand j’étais petite, tout le monde suivait sa foi sans vraiment se poser de questions ; de nos jours, beaucoup de gens font des choix différents », observe Emilienne, un phénomène sociologique qui se ressent à l’échelle du pays qui ne touche pas seulement la Colombie-Britannique, dans une société où de nombreuses occupations éloignent les gens de la vie de l’Eglise.
Pour autant, l’évolution du catholicisme en général à Vancouver est très positive comme nous l’explique Michael Miller, Archevêque de Vancouver : « l’archidiocèse grossit de jour en jour et accueille un nombre de catholiques toujours plus important ». L’ouverture de nombreuses églises, écoles, et paroisses, ainsi qu’une vie associative religieuse très vivante attestent également de la vibrante expression du catholicisme dans le quotidien à Vancouver.
Une forte demande des communautés
Pour quelles raisons trouve t-on plus de messes en arabe, en chinois ou en coréen qu’en français à Vancouver ? L’immigration a forgé l’histoire et l’identité de la ville, devenant aussi un véritable moteur de la religion : « l’immigration est une bénédiction pour l’engagement religieux. Elle a donné beaucoup de vigueur et de vie à l’église », nous livre fièrement Michael Miller. De nombreuses communautés pratiquent donc le catholicisme dans leur propre langue, en témoignent la célébration de messes en plus de 15 langages différents à Vancouver. Selon Emilienne, le choix de ces langues est surtout une question de demande de la part des communautés, auxquelles l’Eglise s’adapte. A l’image de la paroisse Notre-Dame de Fatima, qui célèbre depuis quelques années une messe en cantonais par mois pour répondre à un besoin de ses fidèles.
Et puis, il y a le phénomène important de l’assimilation sur lequel insiste Michael Miller « Beaucoup de francophones sont bilingues et ça ne les dérange pas de faire certaines activités religieuses en anglais. Pour d’autres communautés, c’est beaucoup plus compliqué », explique t-il. Emilienne déplore ce phénomène, qui contribue à la perte de sentiment d’appartenance à la communauté francophone. « Beaucoup de francophones saisissent leur chance d’apprendre l’anglais quand ils arrivent ici, mais en viennent à en perdre leur langue maternelle et ne s’en servent plus ». La vie devient anglophone, et la communauté francophone a tendance à se dessouder. C’est ainsi que la paroisse Notre-Dame de Lourdes à Coquitlam ne célèbre plus ses messes en français mais en anglais, ne gardant que certaines lectures et chorales dans la langue de Molière. Enfin, Michael Miller souligne le thème de la disponibilité des prêtres dans les langues demandées et leur capacité à représenter les intérêts des communautés : « la plupart de nos prêtres ne parlent pas français parce que la communauté francophone produit moins de vocation, ou sont moins présents au Séminaire que d’autres communautés, comme les Vietnamiens, par exemple ».
« Cela nous touche »
Toutefois, malgré leur éparpillement géographique et une cohésion religieuse sans doute moins présente, les francophones catholiques restent très attachés à leur paroisse et à l’enseignement de leur religion dans leur langue. Emilienne insiste : « Cela nous touche plus quand on pratique notre foi dans notre langue maternelle. C’est important pour nous l’appartenance à une communauté spirituelle en français ». C’est ainsi qu’il y a 3 ans, en voyant l’éventualité de la mutation de leur curé qui les avait servis généreusement pendant 13 ans, un petit groupe de fidèles de la paroisse Notre-Dame de Fatima a écrit à Michael Miller pour exiger l’arrivée d’un prêtre francophone dans leur église. Une demande entendue puisque le vicaire Claude Makulu assure aujourd’hui les messes aux côtés du curé anglophone Patrick Chisholm, qui a lui aussi compris la nécessité de faire ressusciter le français qu’il avait appris à l’école secondaire. Emilienne et d’autres fidèles sont très reconnaissants à l’Archevêque « de pouvoir continuer à prier en français ».
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Où trouver des messes en français à Vancouver ?
Paroisse Saint-Sacrement
3040 Heather Street, Vancouver
Dimanche 9h, 11h ; Vendredi 9h
Notre-Dame de Fatima
315 Walker Street, Coquitlam
Dimanche 9h ; Lundi, mercredi, vendredi 9h
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