Ca y est, c’est parti mon kiki. La campagne électorale en Colombie-Britannique a bel et bien commencé. Les hostilités de même. Sur les pelouses, les affiches des candidats côtoient celles des agents immobiliers. Je ne sais plus à qui acheter. Je ne sais plus pour qui voter. La grande confusion, aurait dit Jean Renoir qui vivait d’illusions. Retour à la campagne.
Qui sera l’ultime gagnant de cette longue prise de bec ? La première ministre sortante Christy Clark (par ici la sortie) et ses libéraux ou le chef de l’opposition Adrian Dix et ses néo-démocrates ?
Le parti conservateur provincial de John Cummins ou encore les Verts avec Jane Sterk ? Ces deux derniers, il est vrai, n’ont aucune chance de l’emporter, mais ils pourraient influer sur la tournure des évènements dans les circonscriptions où la lutte sera serrée. Ils sont susceptibles de jouer les trouble-fêtes. Nous ne pouvons donc les négliger, comme Mme Clark l’a déjà fait en refusant de laisser ces outsiders participer à un débat télévisé. Elle tenait à affronter en tête à tête le chef de l’opposition, lançant ainsi les premières salves de cette campagne qui, au bout du compte, n’aura qu’un grand gagnant : le mensonge.
Pendant les quatre prochaines semaines nous aurons droit à une série de promesses qui, tout le monde le sait, ne seront pas tenues. Durant cette campagne, comme dans toutes les campagnes électorales, les candidats vont nous promettre monts et merveilles. Baisse du chômage, création d’emploi (les deux vont de pair). Investissement dans la santé, l’éducation, la recherche, le soutien à la famille et que sais-je encore… un budget équilibré évidemment et la réduction de la dette provinciale. Nous allons assister à un bombardement de pubs mensongères, désobligeantes et des attaques personnelles vicieuses et méchantes. Pour cela, faites confiance à Christy Clark et à sa bande de libéraux qui n’en sont pas à leur première campagne de dénigrement. Voyons si Adrian Dix, malgré sa promesse, résistera à la tentation d’en faire autant. J’en doute. La tentation est trop forte. Qui pourrait lui en vouloir ?
Madame estime qu’elle a du charme et désire l’exploiter. Moi, je pense qu’elle en a autant que le tyrannosaure ou, encore mieux, le vélociraptor de Jurrasic Park. Quant à Adrian Dix, que je ne tiens pas non plus à épargner, disons qu’il a autant de charisme qu’une tortue des Îles Galapagos. La course bat actuellement son plein. Le tout est de savoir qui du vélociraptor ou de la tortue passera la ligne d’arrivée en premier. Il faut dire que la tortue, dès le départ, avait une belle avance. Une avance quasi insurmontable de vingt points selon les sondages. Mais on ne sait jamais. Nous sommes en Colombie-Britannique, où l’impossible n’est pas impossible. Nous n’en serions pas à notre premier revirement de situation advenant une victoire du Parti Libéral. À ce stade-ci, toutefois, seule Christy Clark et sa cohorte de conseillers, dont le fils de Bill Bennett et petit-fils de Wacky Bennett, tous deux anciens Premiers ministres de la province, y croient fermement. Tant mieux pour eux. Il faut maintenir le suspense et garder l’intérêt de cette course.
Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir – ou du désespoir pour certains, si jamais elle devait l’emporter. D’où la question : est-ce que la vélociraptor aux dents longues, à l’air féroce et au sourire facile, pourra rattraper le retard qui la sépare du calme, morne, figé et peu inspirant Dix ? Ce dernier, comme la tortue, semble posséder une solide et impénétrable carapace. Elle lui servira durant cette campagne car les attaques, pour le faire trébucher et pour gruger son avance, seront nombreuses, dures et rudes. Rappelons, pour les amateurs de fable, que dans cette course fabuleuse, rien ne sert de courir, il faut partir à poing gauche levé.
À remarquer que, depuis le début de la campagne, Christy Clark a repris du poil de la bête et remonte petit à petit la pente. À une vingtaine de jour de la ligne d’arrivée, bien des choses peuvent se passer. Rien n’est joué. Mais, si je devais parier, je miserais mon argent (malheureusement, j’en ai peu) sur la tortue. Si Adrian Dix réussit à garder son calme et à conserver sa lente vitesse de croisière, sans tomber dans les pièges et les panneaux qui lui seront tendus, il devrait l’emporter haut les mains.
Le 14 mai, nous n’assisterons donc pas à un hold-up, mais à la victoire logique et bien méritée de la tortue. Parlant de victoire, j’aimerais féliciter au passage, car je ne l’ai pas encore fait, Justin Trudeau, nouveau chef du Parti Libéral national. Un vrai « parti animal » ce Justin. Justin sauvé des zoos. Le Moïse de la politique.