Bel hommage à un point de l’histoire de la Première guerre mondiale dans laquelle les Canadiens se sont illustrés en France, dans le Pas-de-Calais, la pièce Vimy se jouera du 2 au 19 novembre au Firehall Arts Centre. Cette bataille a été remportée par les efforts croisés de quatre divisions canadiennes, là où Français et Britanniques avaient échoué.
Donna Spencer, la metteuse en scène, permet au spectateur de rester sans cesse en alerte grâce à une mise-en scène dynamique et qui va à l’essentiel : le destin d’une poignée d’hommes et d’une infirmière, sur le front, en 1917. Donna a ceci de commun avec le journal La Source, d’avoir reçu en 1999, le Prix du l’Harmonie culturel que notre journal vient de recevoir, et sa nouvelle production s’inscrit une fois de plus dans cette habilité à représenter différentes cultures qui se rejoignent pour ne former qu’une seule force, sous le drapeau canadien.
Du français dans le texte
Tout naturellement, nous sommes allés à la rencontre de l’acteur francophone de la troupe, Sean Harris Oliver, qui interprète un soldat québécois, ardent défenseur de ses origines : « Ayant quitté Montréal très jeune pour venir vivre en Colombie-Britannique, je dois parfois travailler mon accent qui n’est plus suffisamment québécois pour certains rôles ! Pour cette pièce, le défi était plutôt de me familiariser avec le vocabulaire français relatif à la Première guerre mondiale. » Les acteurs capables de jouer en français ne sont pas légion en Colombie-Britannique : « C’est un atout certain pour un acteur, de pouvoir jouer dans les deux langues. J’ai eu le plaisir, par exemple, d’interpréter une pièce entièrement écrite en français, au Théâtre La Seizième, la saison dernière, intitulée l’Hypocrite. Et j’ai pu remarquer, quand je joue en français, qu’au-delà du changement de langue, il y a également un changement de personnalité qui s’opère naturellement.
Le plus jeune de la troupe
Sean Harris Oliver a le privilège d’être entouré, dans cette pièce, de jeunes acteurs parmi les plus talentueux de leur génération, dont il est le plus jeune : « J’ai énormément de plaisir à partager l’affiche avec Sebastian Kroon, Daryl King, Ryan Cunningham, Mack Gordon et Sasa Brown. Tout comme Sebastian et Daryl, j’ai étudié l’art dramatique au Studio 58, pendant trois ans, après avoir définitivement renoncé au métier de dentiste auquel je me destinais en premier lieu ! Sachant que seulement 8 élèves étaient sélectionnés pour suivre ces cours de théâtre, c’était formidable d’être choisi ! » Et quant aux projets d’avenir, Sean n’en manque pas : « Je suis également le co-fondateur d’une compagnie indépendante de théâtre, Hardline Productions, pour laquelle je termine actuellement d’écrire l’adaptation de la pièce de Shakespeare Troïlus et Cressida, qui s’appellera La guerre de Troie. »
Difficile d’être un artiste à Vancouver ?
Sean, comme beaucoup d’autres acteurs, trouve particulièrement difficile, pour une jeune troupe de théâtre, de louer des endroits abordables pour se produire à Vancouver. C’est ce que pense également Mona Poon, qui, dans le cadre de sa maîtrise en Arts et Sciences à l’Université McMaster à Hamilton en Ontario, a choisi, comme projet de maîtrise, en 2010, de réaliser un manuel à l’attention des artistes de Vancouver, à la recherche de studios à louer à un prix raisonnable.
Son constat de départ est en effet le suivant : durant la période post-industrielle (dans les années 70), un grand nombre d’espaces industriels et commerciaux ont été convertis en espaces résidentiels, faisant grimper les prix. Mais la conséquence directe de ce changement est la délocalisation des artistes qui occupaient ces anciens espaces délaissés, et qui se sont vus proposer de nouveaux studios rénovés à des prix rédhibitoires.
En effet, il semble qu’en matière de bataille, celle des artistes de Vancouver aujourd’hui, soit de convaincre que pour que l’extraordinaire créativité dont ils font preuve puisse s’exprimer, et nous enrichir, encore faut-il leur en donner les moyens !