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Ma valise était prête pour ce long voyage, mais du haut de mes 11 ans, je ne pouvais pas vraiment réaliser la distance de plus de 11000 km que nous étions sur le point de traverser.
Ma valise était prête pour ce long voyage, mais du haut de mes 11 ans, je ne pouvais pas vraiment réaliser la distance de plus de 11000 km que nous étions sur le point de traverser.
Je vis en Colombie-Britannique depuis près de cinquante ans. Est-ce le hasard ou le destin qui m’y a amené ?
On entend souvent dire que Vancouver est une ville « sans culture »… Sans culture historique peut-être… Mais avec un grand sens du
« mélange social » !
Vancouver représente plusieurs choses : une métropole urbaine de classe internationale, une terre d’accueil pour les immigrants à la recherche d’une vie meilleure et plus encore. Mais, en ce qui me concerne, il s’agit de mon chez moi avant tout.
Demandez à des nouveaux arrivants pourquoi ils sont venus poser leurs valises à Vancouver, et beaucoup vous donneront une réponse logique, une raison valable, comme un semblant de réflexion dans leur choix – une offre de travail, des proches, des études, un intérêt particulier pour la fameuse West Coast… Personnellement, j’y ai élu domicile par le plus beau des hasards, du haut de mes 19 ans et forte d’une expérience universitaire à Ottawa, avec une vague idée de ce qui pouvait bien m’attendre.
Par une nuit froide de décembre 2011, mon fiancé et moi étions à bord d’un bateau de croisière Chants de Noël qui avait quitté Coal Harbour quelques minutes auparavant. Il glissait le long de English Bay avec, en arrière-plan, les lumières scintillantes du centre-ville de Vancouver. Nous n’avions pas fait attention à la partie « chants » de la croisière lors de notre réservation et pensions simplement qu’il s’agissait d’une croisière avec pour thème, Noël. Si on ne nous avait pas présenté, un peu plus tard, les paroles, nous aurions eu l’air ridicule : venant de Hollande, nous ne connaissions pas la majorité des chansons que nous étions supposés chanter.
Après quinze heures de voyage avec Air Canada, je descends enfin de l’avion et traverse l’Aéroport de Pa-ris Charles de Gaulle en direction du RER, traînant ma lourde valise derrière moi. En chemin, je passe devant plusieurs stands de presse. Le visage fermé de François Hollande apparaît sur la couverture de plusieurs magazines.
Je suis née et j’ai grandi à Vancouver. Quiconque ayant grandi dans cette ville multiculturelle sait qu’il est normal d’interagir avec des gens en provenance du monde entier.
Vancouver. A l’origine, cette ville ne faisait pas partie de mes plans. Honnêtement je ne sais correctement la situer sur une carte que depuis trois ans, essentiellement grâce aux derniers Jeux Olympiques d’hiver qui s’y sont déroulés.
Ayant grandi à la fois au Canada et en Russie, j’ai pu être témoin – en tant qu’enfant et maintenant en tant qu’adulte – de la façon dont les enfants sont perçus et traités dans ces deux sociétés très distinctes. J’avais dix ans lorsque je suis arrivée au Canada en provenance de la Russie. Il m’a semblé que tout a été chamboulé en une seule nuit.
Pour avoir travaillé avec de nombreux Canadiens la question qui vient souvent lorsque je dis que je viens de France, c’est « pourquoi tu es parti, la France est un beau pays ? » Je réponds toujours la même chose. Oui c’est un beau pays dans lequel je ne me voyais plus vivre. Cependant, tous autant que nous sommes, en tant qu’immigrants de n’importe quel pays, on a tous une raison de nous retrouver ici à Vancouver. Qu’elles soient politiques, économiques, professionnelles, familiales, culturelles et bien d’autres encore, ces raisons pèsent sur notre décision de changer de pays. En ce qui me concerne, je ne vais pas être prolixe sur le sujet. Pour faire simple, je dirais que j’ai un problème relationnel avec beaucoup trop d’éléments dans ma patrie et ce depuis longtemps. Ainsi lorsqu’une opportunité de changement radical s’est présentée pour partir dans un pays que j’affectionne depuis longtemps, j’ai saisi l’occasion.
Il y a huit ans, j’ai quitté Edmonton, en Alberta pour déménager ici, à Vancouver. Il me semblait alors que mon expérience de vie au Mexique m’avait amplement préparée pour un simple changement de province.
Ô Canada ! C’est en entamant l’hymne national canadien le 11 juillet 2012 dans les locaux de Citoyenneté et Immigration Canada, que j’ai enfin pu savourer ma citoyenneté canadienne en français et en anglais.
Déménager à Vancouver était surréaliste. Ce n’était pas non plus une décision facile à prendre. Voyez-vous, je suis née dans la région du Grand Toronto (GTA) où j’ai grandi et où ma famille habite encore.
Immigrer à Vancouver était un projet qui me tenait vraiment à cœur. Cela représentait une coupure nécessaire afin de m’évader de ma vie parisienne qui contrairement à ce que l’on peut croire n’apporte pas que paillettes et bonheur.
La librairie de Pemberton en Colombie-Britannique semblait petite, au milieu d’une rue presque vide, en face d’un parc de fortune et d’une mare sale. Elle était composée de deux sections assemblées n’importe comment et j’ai passé une grande partie de mon été 2006 à lire tous les livres de ces rayons qui suscitaient ma curiosité mais que je ne m’étais jamais donné la peine de lire auparavant.
Où est mon chez moi et est-ce que j’en ai un ? Telle est la question. Question que je me pose depuis mon arrivée à Vancouver il y a neuf ans et qui a su me tarauder parfois. Question à laquelle il est très difficile et complexe de répondre.