Par son influence démographique, la génération du baby-boom a façonné l’économie et la société du Canada. Et elle continue de le faire encore aujourd’hui alors que ses membres vieillissent et atteignent l’âge de la retraite. Mais qui sont les baby-boomers ? Quelles seront les conséquences de leur prise de retraite ?
Selon les recensements de 2011, 9,6 millions de personnes, ou près de trois Canadiens sur dix, étaient des baby-boomers. Outre le nombre de naissances entre 1946 et 1965, cette génération a été alimentée par une immigration soutenue au Canada, depuis la fin des années 1980. En Colombie-Britannique, ils sont 1,3 million à faire partie de cette génération, formant près du tiers de la population provinciale.
Un marché non négligeable
Selon Statistique Canada, les personnes aînées constituent le segment de la population canadienne qui augmente le plus rapidement. Le groupe des personnes âgées de plus de 65 ans s’accroît quatre fois plus rapidement que la population en général et continuera dans ce sens avec le vieillissement des baby-boomers. Dans les années à venir, bon nombre de ceux-ci atteindront l’âge de 65 ans, ce qui accélérera le vieillissement de la population.
Cette génération occupe les emplois bien rémunérés, et leur richesse collective dans notre société (70 %) est considérablement disproportionnée à leur part dans la population canadienne (30 %). C’est en effet la classe d’âge ayant le plus grand revenu moyen : ils ont de l’argent, et bientôt, ils auront du temps après la retraite pour le dépenser. Ainsi, des compagnies canadiennes ont vu juste et dirigent de plus en plus leurs campagnes de marketing vers eux.
Par exemple, ZoomerShow, un salon d’exposition annuel des produits et des services réservés à la population des personnes âgées de 45 ans et plus en matière de consommation et de style de vie (tourisme, finance, santé, bien-être et retraite), a connu du succès à Vancouver, à Toronto et à Ottawa. L’évènement a reçu 23 500 participants à Vancouver en 2016, et sera de retour au Vancouver Convention Center les 11 et 12 mars prochain.
Une transition à bien gérer
Le vieillissement des baby-boomers et l’augmentation de l’espérance de vie au cours des 20 prochaines années préoccupent les gouvernements. Ces derniers doivent assumer les coûts du système de soins de santé tout en assurant un équilibre budgétaire. De ce fait, la population canadienne, pourrait très bien devoir payer le prix pour le maintien d’un même niveau de services.
Dans certaines entreprises, un bon nombre d’employés font partie de cette génération. Ces dernières pourraient donc faire face, d’ici quelques années, à une pénurie de main-d’œuvre. Au lieu de prendre leur retraite à 65 ans, comme la majorité, les travailleurs seront probablement incités à demeurer en poste quelques années supplémentaires. Des modifications aux régimes de retraite et des mesures incitatives de maintien à l’emploi sont à prévoir, car les travailleurs, moins nombreux, auront un plus grand pouvoir de négociation.
Sans surprise, une partie de l’impact de la croissance de la démographie vieillissante du Canada sera atténuée par son programme d’immigration. Le gouvernement fédéral a fixé une nouvelle cible d’immigration de 300 000 personnes, au lieu de 250 000, par an à partir de 2017, dont la majorité sera sélectionnée à titre d’immigrants économiques. Par ailleurs, selon des experts économiques, le Canada pourrait aussi surmonter les difficultés de la main-d’œuvre vieillissante en intensifiant l’innovation et la productivité, en utilisant des progrès technologiques et d’efficacité, et en investissant dans des installations et des équipements améliorés, afin d’accroître la capacité de production par travailleur. Des efforts sont à prévoir sur ce plan puisque la productivité du travail affiche un niveau inférieur de 25 % en comparaison avec les États-Unis et moindre que la moyenne pour les pays du G7.
En fait, étant donné la proportion grandissante de la population retraitée, une question clé demeure. L’économie sera-t-elle suffisamment productive pour pourvoir à la demande de biens et de services de l’ensemble des Canadiens ? Et ce, y compris le besoin de soins de santé des personnes âgées ? Au-delà des enjeux financiers, c’est probablement cette question de productivité qui constitue le véritable défi du vieillissement de la population.