Au Collège Éducacentre, l’éducation collégiale effectue sa rentrée provinciale en français

Septembre demeure le mois de la rentrée, qu’elle soit scolaire ou universitaire. La communauté francophone est dotée d’un collège qui propose différentes formations diplômantes en français, au Collège Éducacentre. Rencontre avec son président-directeur général, Yvon Laberge et sa vice-présidente à l’enseignement, Isabelle Thibault.

« Nous sommes le seul collège francophone en Colombie-Britannique et nous accueillons 225 étudiants. Nous avons six programmes au total dont l’éducation à la petite enfance, l’aide pédagogique spécialisée, l’intervention en travail social, la nutrition holistique, préposé aux soins de santé, gestion d’évènements », souligne fièrement Isabelle Thibault.

« 2 400 personnes par année passent par notre établissement, et au niveau collégial, on est à 250 personnes », précise Yvon Laberge, en ajoutant que l’offre du collège s’étend également à des formations linguistiques et des formations continues.

Mais qui sont les étudiants du Collège Éducacentre ? « Ce sont surtout des nouveaux arrivants. Les Québécois sont moins enclins à venir qu’autrefois parce que l’économie est meilleure au Québec », explique le président-directeur général.

Une forte pression financière

Si l’établissement se porte bien, les obstacles, notamment financiers, ne sont pas en reste. « On n’est pas reconnu par la voie publique donc on doit passer par le privé, ce qui limite l’investissement financier de la part de la province. Le nerf de la guerre, c’est le financement par rapport au coût de la vie donc les salaires ne suivent pas, on ne peut pas vivre avec en Colombie-Britannique, surtout à Vancouver », indique Yvon Laberge.

« Les graduants pourraient penser que beaucoup d’étudiants en immersion pourraient bénéficier de nos cours et programmes mais ce qui se passe, c’est que la plupart des finissants s’orientent plus vers l’université. Parce qu’on est petit, on a un nombre limité de programmes. Le développement est très coûteux donc ça limite l’accès à une variété de programmes pour les francophones et du coup, notre marché », poursuit le président-directeur général du Collège Éducacentre.

Malgré ces difficultés, Yvon Laberge estime qu’il n’y a pas de compétition avec d’autres structures, comme au Collège Langara, qui offre aussi des formations collégiales. « Nous sommes le seul organisme à offrir cette formation en français et dans ce sens-là, il n’y a pas de concurrence », affirme-t-il.

Souder et fidéliser la communauté francophone

Si beaucoup de jeunes vont continuer leurs études en anglais, même s’ils sont passés par le programme francophone en Colombie-Britannique, selon Yvon Laberge, il existe un levier pour les garder au sein de la communauté francophone. « Il faut continuer à faire valoir le fait que si des personnes étudient en français dans un contexte linguistique minoritaire, elles vont devenir bilingues. Si elles étudient dans la langue majoritaire, elles vont progressivement perdre leur français et devenir unilingue », s’inquiète-t-il.

La question de l’intégration est au centre des choix d’enseignement. « Beaucoup de nouveaux arrivants parlant français peuvent se tourner vers un programme en anglais pour leurs enfants en se disant que ça va faciliter leur intégration et dans une certaine mesure, ils ont raison », déplore Yvon Laberge.

Le modèle global et intégré prôné par le Collège Éducacentre semble être la réponse toute trouvée à ces problématiques. « Une personne qui vient chercher des services ou de la formation chez nous a aussi rapidement accès à d’autres services et formations. À titre d’exemple, on a une personne qui est rentrée pour venir suivre la formation en Compétences pour réussir. On a vu que cette nouvelle arrivante avait certains besoins, entre autres financiers, donc on l’a intégrée à notre programme Jeunes au travail. Elle s’inscrit maintenant dans un programme collégial. On pense que dans deux ou trois ans, au lieu d’être perdue au milieu de l’océan, on va la récupérer d’un point de vue linguistique pour la communauté francophone mais aussi l’aider à s’intégrer à la société canadienne, économiquement, socialement et culturellement », affirme Yvon Laberge.

Et si l’aide n’est pas au niveau individuel, elle intervient au niveau communautaire pour le président-directeur général. « On a des collaborations avec d’autres organismes de la communauté francophone et si on ne peut pas combler les besoins, on va référer cette personne auprès de la communauté francophone. Si le service n’est pas disponible dans la communauté francophone, à ce moment-là, on va se tourner vers la société majoritaire. De cette façon, souligne-t-il, on continue de répondre aux besoins de cette personne mais elle reste fidèle à la communauté francophone. »

Un nouveau programme qui répond à des attentes de longue date

La dernière nouveauté du Collège Éducacentre pour cette rentrée 2023, c’est un programme d’Aide pédagogique spécialisée, une fierté pour Isabelle Thibault, vice-présidente à l’enseignement à Éducacentre.

Isabelle Thibault, vice-présidente à l’enseignement du Collège Éducacentre. | Photo du Collège Éducacentre

« Conçus spécialement pour les étudiants francophones en contexte minoritaire, ces nouveaux cours évoquent les perspectives autochtones, les enjeux d’éducation francophone en contexte minoritaire, etc. Notre vision, c’est d’être un collège communautaire. On veut répondre le mieux possible aux besoins de notre communauté », martèle-t-elle. Selon la vice-présidente à l’enseignement, il existe un comité consultatif pour chaque programme collégial, et spécialement pour le programme d’Aide pédagogique spécialisé, composé de plusieurs personnes-clés du Conseil scolaire francophone. Ce programme a été développé en fonction de la réalité des milieux, surtout dans les écoles francophones en Colombie-Britannique.

Yvon Laberge, président-directeur général du Collège Éducacentre. | Photo du Collège Éducacentre

La première cohorte du programme démarre avec une quarantaine d’étudiants inscrits et il est toujours possible d’intégrer la formation plus tard pour les intéressés avec trois cohortes par année, en janvier, en mai et en septembre.

« Les conditions ont été allégées. Pour les adultes, ils auront besoin de réussir un test de français en ligne au niveau du collège, de remplir un formulaire en ligne et de faire une vérification de casier judiciaire car les étudiants travailleront avec des enfants des écoles primaires et secondaires. Cette vérification est donc incontournable », fait savoir la vice-présidente à l’enseignement.

Isabelle Thibault conseille à la communauté de rester attentive aux prochaines annonces car des nouveautés devraient apparaître pour le début de l’année 2024.

Pour plus d’information sur le Collège Éducacentre : www.educacentre.com