La Communauté française trouve ses repères à Vancouver

Les efforts du Canada pour accueillir davantage d’immigrants francophones, notamment en Colombie-Britannique, ont un effet revitalisant pour la communauté. La présence française dans la province et ses institutions a toujours été bénéfique pour le rayonnement de la langue française et ce, depuis plusieurs décennies. En deux volets, voici un portrait de la communauté française et de son évolution sur les bords du Pacifique.

Marc Béliveau
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Arrivé à Vancouver en 1958, le couple Jacques et Jeanne Baillaut fréquente, comme beaucoup de leurs compatriotes français, l’Alliance Française. Jeanne se souvient des cours de français qu’elle donnait au consulat américain à Vancouver. Par la suite, elle crée un cours sur l’histoire de l’art en français à la Galerie d’Art de Vancouver, avant de prendre la direction du Centre culturel colombien devenu, au fil des ans, le point d’ancrage de la francophonie locale.

Jeanne Baillaut et son plus récent livre de poésie: Le temps tourne en rond. | Photo: Marc Béliveau

Ce furent des années marquantes pour l’essor de la francophonie, évoluant traditionnellement autour de la paroisse. Plusieurs personnes de la communauté française de l’époque s’engagent dans le mouvement associatif, notamment Jean Riou, qui deviendra directeur-général de la Fédération franco-colombienne pendant des années.

La francophonie se devait d’élargir ses horizons, y compris rejoindre les jeunes, à une époque où il y avait des écoles francophones catholiques à Vancouver et à Maillardville. L’ouverture du Centre culturel colombien, dirigé par Jeanne Baillaut, devient un laboratoire de nouvelles initiatives, avec le premier festival francophone, le premier salon du livre, un programme de visite dans les écoles, la bibliothèque et la publication des cahiers jeunesse.

Cette volonté de créer un lieu de rencontre et d’échange culturel entre des francophones de partout reflète aussi l’une des perceptions de Jeanne Baillaut, à savoir que « la francophonie de cette époque lui paraissait trop fermée ».

Aujourd’hui, cette pionnière, venue de France, s’est véritablement enracinée dans la francophonie canadienne. Et elle se plaît à écrire. Le lancement de son plus récent livre a réuni une quarantaine de personnes. Et sa poésie s’inspire des fleurs de son jardin, des insectes qui s’y trouvent, des amours et des amitiés qui ont marqué le passage du temps. Lors de cet événement, l’un de ses lecteurs maghrébins a tenu à souligner une très belle phrase de Jeanne Baillaut : « La beauté est dans le regard de la personne qui voit ».

Présence française sur CBUF-FM à Vancouver

C’est le 1er décembre 1967 qu’a eu lieu l’inauguration de la station de radio de Radio-Canada à Vancouver. Des membres de la communauté française étaient présents pour célébrer cet événement. L’un d’eux, Christian Bernard, animateur à la radio, se souvient particulièrement de ses premières années où il régnait un esprit familial à la station francophone.

Français d’origine, né en Bretagne, Christian se souvent de sa première entrevue d’embauche avec Gérard Binet, le premier directeur de CBUF-FM, dont les studios étaient situés à l’Hôtel Vancouver. Ce dernier a remarqué que l’accent de Christian n’était ni français, ni québécois et cela lui plaisait.

Christian Bernard, animateur à la radio française de CBUF-FM | Photo: Jacques Baillaut

Un an plus tard, il reçoit un appel téléphonique de Jacques Baillaut, pour lui dire de réactiver sa candidature puisqu’on recherchait un animateur. À cette époque, Jacques Baillaut tenait une chronique météorologique à la radio. « Il faisait parler une montagne qu’il nommait Isabelle. Il lui racontait de belles histoires – aujourd’hui, Isabelle est couverte de neige. Elle est triste et pourtant si belle. Jacques Baillaut mettait les gens dans un état d’esprit très poétique » se rappelle Christian Bernard, qui a travaillé à Radio-Canada pendant une trentaine d’années.

Dès ses débuts à la radio, Christian se voit confier une émission d’une demi-heure qu’il nomme « À vol d’oiseau ». Ne disposant d’aucun profil de l’auditoire, du coup, on ne sait pas à qui l’on s’adresse. « C’est par son choix musical, estime Christian, qu’il a créé ce lien particulier avec ses auditeurs ».

En 1976, la station de Radio-Canada emménage dans de nouveaux locaux. « L’événement Portes Ouvertes s’avère un succès et permet de rencontrer les auditeurs en personne », explique Christian Bernard.

« Dans la programmation des émissions, il y avait divers collaborateurs originaires de France. Je me souviens d’André Piolat, fondateur de l’hebdomadaire Le Soleil de Colombie. Ce dernier évoquait les différents pays qu’il avait visités et parlait de ses expériences. Et il y avait, se souvient Christian, le jardinier André Cholat, érudit, qui animait une chronique superbe à l’émission du matin ».

Un regard optimiste pour l’avenir

La Colombie-Britannique compte aujourd’hui un réseau de 34 écoles francophones et plusieurs organismes francophones dans la province. On retrouve aussi des enseignants venant de France dans plusieurs institutions d’enseignement en C.-B.

En fait, la communauté française de Vancouver s’est agrandie. Ses membres ont contribué au développement de la francophonie, notamment au sein d’organismes associatifs et dans plusieurs secteurs d’activités. Aujourd’hui, la communauté francophone est plurielle grâce à l’immigration. Et il existe de nouveaux défis à relever.

Une opinion sur “La Communauté française trouve ses repères à Vancouver

  1. Bravo Marc!
    Tu as bien capté le profil du jeune garçon que j’étais face à l’organisation de Radio Canada, si impressionnante à mes yeux alors.
    Bien amicalement et bonjour à toutes ces personnes qui m’ont soutenu et inspiré au cours de ces années…
    Christian 🙏🎶🎶♥️

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