La communauté haïtienne célèbre le Nouvel An autour de la Soupe de l’indépendance – symbole de la fin de l’esclavage dans leur pays et pour les populations noires. La Fête nationale au début de janvier autour la fameuse soupe de l’indépendance, la soupe au giraumon, qui est une variété de citrouille. Puis, le mois de l’histoire des Noirs en février, fête du drapeau haïtien en mai, journées des cultures et arts de la Caraïbe en été; ce sont entre autres, des rendez-vous incontournables du calendrier culturel haïtien qui rassemblent aussi les membres des communautés afro-canadiennes de la Colombie-Britannique.
Hassan Laghcha – IJL- Réseau.Presse-Journal La Source
L’Association culturelle canado-haïtienne de la Colombie-Britannique a vu le jour en 2010, après le séisme qui a ravagé Haïti. C’est dans un élan de solidarité que des membres de cette communauté ont voulu apporter de l’aide à leur pays d’origine. « Depuis cette date, affirme Roxane Ledan, la directrice générale de l’association, notre organisme n’a cessé de faire la promotion de la culture haïtienne et de la diversité afro-canadienne ».
Elle souligne également toute la difficulté de rassembler les membres de sa communauté. « Contrairement à Montréal, par exemple, qui regroupe une grande et très dynamique communauté haïtienne, à Vancouver, il faut beaucoup de persévérance pour réunir les membres de la communauté, qui sont éparpillés dans différentes régions de province », constate cette gestionnaire de projets, diplômée de la City University of New York. Roxane Ledan possède, à son actif, une expérience professionnelle de plus de 30 ans à Haïti, aux États-Unis, en Europe et au Canada.
La soupe de la libération de l’esclavage
Fraîchement installée depuis un an à Vancouver, après avoir vécu pendant 13 ans à Montréal, Roxane aspire, en compagnie de son équipe, à donner un nouveau souffle à l’action de leur association. Elle se réjouit du succès que connaît chaque année l’organisation de deux événements majeurs. Tout d’abord, la célébration de la fête nationale, le Jour de l’An, avec en vedette l’emblématique Soupe de l’Indépendance. Rappelons que l’indépendance du pays s’est faite le 1er janvier 1804. À cette époque, l’épouse de Jean-Jacques Dessalines, un dirigeant de la révolution haïtienne, autorisa la consommation pour tous de cette soupe, auparavant interdite aux esclaves et servie uniquement aux maîtres de plantations français. Cette soupe est inscrite au patrimoine immatériel de l’Humanité depuis décembre 2021. Elle symbolise la naissance de la première république noire dans l’histoire en plus d’avoir été annonciateur de la fin de l’esclavage. Il y a aussi un deuxième événement à succès : celui qui célèbre l’adoption du drapeau haïtien, le 18 mai, qui donne lieu à des soirées festives. On y retrouve le traditionnel banquet qui met à l’honneur les délices de la gastronomie haïtienne et caribéenne. Cette célébration fait le bonheur des communautés afro-canadiennes qui souligne avec joie le retour de la belle saison sur la Côte ouest.
La culture, c’est tout ce qui nous reste
« Avec tout ce qui se passe en Haïti, les tragédies humanitaires et sécuritaires, les problèmes politiques interminables et qui font que le pays qui avait amorcé la libération de l’esclavage est malheureusement devenu l’un des pires en Amérique, la seule chose qui nous reste, c’est notre culture, nos fiertés culturelles et artistiques que nous voulons promouvoir ici en Colombie-Britannique comme au Québec » souligne la dirigeante de l’association. Il y a aussi, dit-elle, « l’avantage de représenter, à la fois les cultures créole, francophone, antillaise, en plus de contribuer à la grande diversité caribéenne avec toutes ses richesses.»
Roxane Ledan s’attarde sur les activités de son association parmi les composantes de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique et du regroupement des associations culturelles caribéennes de la province. « On veut approfondir les collaborations avec les représentants des communautés caribéennes et afro-canadiennes en général pour faire entendre notre voix ensemble », affirme-t-elle.
Parmi les projets d’événements qui lui tiennent à cœur, la directrice générale de l’association et son équipe souhaitent organiser des journées pour faire découvrir les joyaux de l’artisanat haïtien et caribéen. « On travaille pour programmer annuellement une fin de semaine pour faire découvrir les merveilles de notre gastronomie et celles des autres communautés créoles et antillaises », fait savoir Roxane Ledan en espérant trouver les fonds nécessaires auprès des bailleurs de fonds publics et privés pour rehausser la contribution des membres des communautés afro-canadiennes à la vie culturelle et artistique de la métropole britanno-colombienne.
