Comment faire face à l’urgence climatique, tout en augmentant le nombre de logements durables pour contrer ses effets négatifs ?

Des défis importants attendent les Britanno-Colombiens au cours des prochaines années s’ils désirent maintenir et améliorer la qualité de vie dans les principales agglomérations urbaines où réside 85% de la population de la province. Et certains enjeux sont plus pressants que d’autres, notamment l’urgence climatique. Les édifices commerciaux, les tours d’habitation et les résidences unifamiliales contribuent de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre, aux impacts environnementaux et aux inégalités sociales. Pour les spécialistes en planification urbaine, il est urgent de revoir, dans une perspective plus large, l’interconnectivité énergétique qui existe entre le lieu de résidence, le quartier où l’on vit et les activités quotidiennes.

Marc Béliveau
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

En prenant conscience de nos besoins et de nos actions quotidiennes, sur le plan énergétique, il est possible de faire des choix éclairés et réduire son empreinte carbone. De façon concrète, pourquoi un couple avec un enfant a-t-il besoin de deux voitures si, dans le quartier où il habite, il peut se rendre à pied à tous les services nécessaires ? Ou encore, si le choix de vivre dans un quartier animé, signifie ne disposer que d’un seul véhicule et d’un espace de vie plus petit que ce qu’ils souhaiteraient.

Andréanne Doyon est professeure adjointe et directrice du programme d’urbanisme de l’École de gestion des ressources et de l’environnement à SFU. Originaire du Québec, elle a fait des études universitaires en Colombie-Britannique, avant de voyager en Asie et dans plusieurs autres pays, et de compléter un doctorat en urbanisme à l’Université de Melbourne en Australie.

Rivalité amicale entre Vancouver et Melbourne

Chaque année, des classements sont publiés sur les villes offrant la meilleure qualité de vie. Vancouver et Melbourne figurent souvent dans les dix premières villes au monde. À la question : ce que Melbourne pourrait apprendre de Vancouver, Andréanne Doyon soutient que les normes de construction, y compris le système de transport en commun, sont plus élevées à Vancouver. À l’inverse, Vancouver est une ville très soucieuse de son environnement et de la facilité de se promener et de respirer profondément l’air du large.

Andréanne Doyon, professeure adjointe et directrice du programme d’urbanisme de l’École de gestion des ressources et de l’environnement à SFU. (Crédit : SFU Doyon-4)

De son côté, Melbourne est une ville sportive, qui aime aussi faire la fête. C’est une ville où les gens veulent se rencontrer, être énergiques et sociaux. L’originalité et l’architecture de ses bâtiments sont largement
appréciées.

L’urbanisme et son approche interdisciplinaire

L’Université Simon Fraser se démarque par son approche interdisciplinaire en matière d’urbanisme. Le changement climatique est analysé à la lumière de la réduction possible de la consommation énergétique des ménages. « La situation est préoccupante », affirme Andréanne Doyon, citant le site Canada Énergivore qui indique « que construire des maisons vers le zéro net, en termes d’énergie, réduira les dépenses des ménages de 3 milliards par année. »

Le secteur immobilier et résidentiel est responsable de niveaux élevés de gaz à effet de serre, ce qui compromet l’engagement du Canada à les éliminer complètement d’ici 2050. Les variations de température au
Canada nécessitent de se chauffer en hiver, et les pics de chaleur dans certaines régions du pays en été, avec recours à la climatisation, doivent adopter davantage des méthodes efficaces et moins énergivores pour parvenir à ce résultat.

Pour Andréanne Doyon, en cas de tremblement de terre, de feux de forêts ou de chaleur extrême, la population accepte que les infrastructures, qu’il s’agisse des ponts, des autoroutes ou certains édifices publics, doivent être protégées en priorité. Ce sont des biens publics. Cependant, la perception est différente quant à la destruction d’un quartier, de ses lieux d’habitation et son réseau d’interconnexion économe en énergie. C’est une perte de propriété privée, dit-on.

Au lieu de cela, elle affirme que « le logement durable doit jouer un rôle dans la création d’un avenir plus vivable et plus résilient. Bien que cela ne soit pas très courant, nous pouvons désormais proposer des logements durables. Il existe de nombreux exemples de nouveaux logements durables innovants et de rénovations de logements existants ».

Dans cette perspective, elle milite pour l’émergence d’une transition durable en matière de logement. « Nous avons besoin que les décideurs politiques, le secteur de la construction et les ménages exigent davantage de nos maisons ». Son approche et son expertise lui ont permis d’inaugurer une série de conférences prestigieuses, en janvier 2024, sous les auspices de la présidente de l’Université Simon Fraser. Depuis sa création, cette institution académique a toujours mis un point d’honneur à faire connaître ses engagements et à les partager avec la communauté du Grand Vancouver.

Pour information : www.youtube.com/watch?v=j0u7X04-HR4