Pour la neuvième année consécutive, le festival de films d’animation SPARK 2017 propose au public une centaine de courts et longs métrages sélectionnés par le jury. Étalés sur quatre jours de projection, du 26 au 29 octobre, et regroupés par thèmes, les films donnent un large panorama de la création de l’année dans le domaine de l’animation. Mune, une production franco-canadienne, a particulièrement attiré notre attention.
L’intérêt d’un festival d’animation est de donner l’occasion à des films et à un public de se rencontrer. Parmi les plus de 500 films visionnés par les membres du festival se trouvent en effet des perles artistiques rarement diffusées dans des multiplexes.
Pour le réalisateur Alexandre Heboyan, « ce festival est l’occasion de venir à la rencontre du public canadien, et d’échanger avec eux après la projection. C’est aussi un moment privilégié pour rencontrer d’autres artistes, découvrir des projets, trouver de l’inspiration à travers la sélection du festival. On rentre à la maison plein d’idées en tête, et l’envie de continuer à faire des films ! ».
Durant ces quatre jours, la parole est donnée à la création dans ce qu’elle a de plus diversifié. Cette année, de nombreux films canadiens sélectionnés sont des créations locales, « ce qui est super et n’arrive pas très souvent », remarque Marina Antunes, directrice du festival. Mais bien d’autres nationalités sont représentées.
Mune l’affranchi
À travers la diversité de regards présents dans le milieu de l’animation, plusieurs thèmes sont mis en lumière, et notamment celui de l’émancipation. « Le jury a été particulièrement sensible aux films qui s’intéressent aux personnages qui s’émancipent, à ceux qui franchissent des obstacles », explique Marina Antunes.
C’est le cas pour le héros de Mune, gardien de la lune, le long métrage que viendra présenter son réalisateur Alexandre Heboyan lors de la troisième journée du festival. Cette production franco-canadienne raconte les péripéties que rencontre Mune pour remettre la lune et le soleil dans la marche du temps.
Pour Alexandre Heboyan, « ce film est une quête autour du soleil et de la lune, mais en filigrane il s’agit de raconter la transformation d’un personnage qui trouve sa place dans le monde. À travers les différentes épreuves qu’il rencontre, et les choix qu’il fait, Mune grandit et devient peu à peu responsable de ses actes : c’est le passage de l’enfance à l’âge adulte présent dans de nombreux contes ».
Marina Antunes se félicite de voir que la projection de ce long métrage « permet d’ouvrir le festival à un jeune public ». Alexandre Heboyan ajoute de son côté que « Mune conjugue un ton grand public qui parle aux enfants, et des qualités artistiques qui attirent les adultes ». En ce sens, le film semble en effet gommer les marqueurs d’identité, d’âge, de sexe, et de culture.
Alexandre Heboyan précise son projet : « L’envie derrière Mune était de créer une mythologie qui transcende les cultures, en partant d’une idée peu exploitée dans l’imaginaire du cinéma : le duo du soleil et de la lune. De par la nature universelle de ces astres, cette histoire de gardiens parle à beaucoup de cultures, de la Grèce à la Chine, chaque civilisation ayant sa propre cosmogonie autour des astres ».
C’est la formidable liberté qu’offre le cinéma d’animation : il permet à ses créateurs de s’affranchir de représentations culturelles figées pour inventer un monde nouveau dans lequel chacun peut se reconnaître.
Coup de projecteur sur la France
Outre le film d’Heboyan, le cinéma français est très représenté dans le festival avec en particulier un Spotlight on France qui lui est consacré le samedi 28 octobre. C’est que « la France est le troisième producteur d’animation mondial », rappelle Alexandre Heboyan.
Le réalisateur constate par ailleurs que « les artistes français dans l’animation ont souvent des inspirations très transversales ». Parmi elles figurent les animations japonaise et américaine : « Les écoles forment des profils très artistiques, qui baignent dans une culture où l’histoire de l’art est vive. Ces artistes ont les outils et le savoir-faire qui consiste à s’approprier un univers, une technique ou une idée, pour en faire une expression singulière », précise M. Heboyan.
Ce bagage artistique donne à l’animation française une grande richesse et une vitalité dont le Spotlight on France témoigne. C’est d’ailleurs un court métrage français qui recevra la récompense du meilleur film décerné par le jury du festival. Pour découvrir lequel, rendez-vous le jeudi 26 octobre lors de la soirée d’ouverture !
Spark Animation Festival
du jeudi 26 au dimanche 29 octobre
à Vancouver Convention Centre East Building
www.sparkfx.ca
WIA Awards
Partenaire du festival pour la première fois, l’organisation internationale Women In Animation remettra des récompenses spécifiques à ceux qui « encouragent le travail des femmes dans l’animation ». La WIA vise à promouvoir le travail des femmes dans l’industrie de l’animation et espère arriver à un taux de 50% de représentantes féminines dans ce secteur d’ici 2025. Pour Marina Antunes, directrice du festival, ce partenariat est l’occasion de donner un coup de projecteur aux réalisatrices féminines de films d’animation : « Nous parlons beaucoup de la parité dans l’industrie cinématographique et c’était important pour nous de donner une vitrine à ces femmes réalisatrices dont les propositions artistiques sont toujours très fortes ». Ainsi, le vendredi 27 sera présenté Mothers of a Medium, une sélection de films réalisés exclusivement par des femmes ,« preuve que les réalisatrices sont une force créatrice sur laquelle on peut compter ».