Alors que l’attention publique est tournée vers le traitement des migrants aux États-Unis, qu’en est-il des nouveaux arrivants dans la région de Vancouver ? Omaima Meski se rappelle ses premières journées en Colombie-Britannique.
« Je suis arrivée le soir de la veille de Noël. Comme le lendemain était férié, les magasins étaient fermés, et il n’y avait pas beaucoup de gens dehors, décrit celle qui est venue du Liban. Nous sommes allés au parc et je suis immédiatement tombée amoureuse de la nature, du paysage, du silence… Il faisait froid et maussade. Nous étions particulièrement emballés de prendre le skytrain pour la première fois ! »
Armée d’un webinaire pré-départ, Omaima a quitté seule sa terre natale avec ses deux garçons il y a quelques années. Son frère déjà établi à Vancouver et ses amis l’ont aidée à naviguer sa nouvelle ville et à contacter différents organismes de soutien, comme MOSAIC (Multi-lingual Orientation Service Association for Immigrant Communities).
Elle a aussi pu compter sur l’équipe SWIS (Settlement Workers in Schools) qui s’est assurée que la famille aurait un logement, un moyen de transport, et l’accès à des activités pour les enfants. « L’un d’eux m’a même aidée à inscrire mes enfants à des cours de natation », souligne-t-elle.
Aujourd’hui, Omaima donne en retour de son temps à ceux qui l’ont aidée en travaillant auprès de l’organisme MOSAIC, dont 80 % des employés ont eux-mêmes été immigrants ou réfugiés.
Les temps ont changé
L’histoire d’Omaima aurait été bien différente quelques décennies plus tôt. « Il y a 45 ans de cela, les services aux immigrants étaient pour ainsi dire inexistants au Canada, et c’est sans parler des services aux réfugiés », souligne Queenie Choo, présidente et directrice de l’organisme S.U.C.C.E.S.S. BC qui facilite l’accueil et l’établissement des migrants et des réfugiés dans la région métropolitaine de Vancouver.
La Loi sur le multiculturalisme canadien adoptée en juillet 1988 engage officiellement le gouvernement fédéral à « promouvoir la participation entière et équitable des individus et des collectivités de toutes origines à l’évolution de la nation et au façonnement de tous les secteurs de la société ». Grâce à cette loi, les services aux immigrants et aux réfugiés ont pu se développer.
C’est dans ce souffle que sont nés S.U.C.C.E.S.S. BC en 1973 et MOSAIC en 1988 de la consolidation de deux agences locales créées en 1972. Avec d’autres, ils recevaient jusqu’en 2015 moins de 3 000 réfugiés par année, et ont dû s’adapter rapidement lorsque le gouvernement de Justin Trudeau a ouvert grandes les portes à près de 40 000 réfugiés syriens.
Les réfugiés : près de 10 fois plus nombreux
Cette vague a été perceptible selon l’agente de communication pour MOSAIC, Dianna Lee. Elle aurait mis fin à des projets communs de l’organisme avec l’agence gouvernementale Immigrant Services Society of BC (ISSofBC), d’un coup inondée de « clients ».
Les besoins de cette clientèle sont complexes, variés, et de long terme. « Pendant leur première année, ils ont de l’assistance au revenu, mais que leur arrive-t-il au treizième mois ? », questionne Queenie Choo. Selon elle, il est urgent que le gouvernement se penche sur la question afin de trouver un équilibre entre le nombre de demandeurs d’asile qui sont acceptés au pays et la qualité des services qui leur sont proposés.
Un autre grand défi qui attend les réfugiés à Vancouver est le logement. Alors qu’il est difficile pour une famille canadienne avec un ou deux enfants de se loger dans la métropole, on peut imaginer le mur auquel se butent celles qui comptent souvent plus de quatre enfants, qui ne parlent pas anglais et n’ont pas de réseau social établi.
Malgré les embûches, Omaima assure que vivre au Canada est « merveilleux ». Tout ce qu’il faut pour elle, « c’est avoir l’esprit ouvert, et accepter les autres comme ils vous acceptent ». Et, en cas de besoin, « vous trouverez quelqu’un prêt à vous aider », termine-t-elle !