La 13e édition du Festival du court métrage de Vancouver (VSFF) offre cette année la projection de plus d’une cinquantaine de films et près d’une dizaine de rendez-vous pour l’industrie cinématographique.
Le festival sera marqué notamment par la projection en première, lors de la soirée d’ouverture au VIFF Centre, du court métrage Woman Meets Girl, écrit et réalisé par Murry Peeters (également productrice exécutive) et interprété et produit par l’actrice et scénariste de renom Enuka Okuma, très distinguée pour ses prestations dans les séries Workin’ Moms et Rookie Blue, entre autres.
Le VSFF aura lieu du 2 au 11 juin, en salle et en ligne.
Vies de femmes
Les deux artistes signent ainsi leur première collaboration avec un court métrage de 17 minutes relatant la rencontre hautement émotive entre deux femmes aux vies diamétralement opposées…en apparence. Enuka Okuma joue le rôle d’Annabelle, une quadragénaire, vierge, calme et introvertie, aux côtés de l’insouciante, extravertie et audacieuse Tessie, une travailleuse du sexe sans abri de 18 ans, interprétée par Chelsea Russell qui a récemment reçu des distinctions pour ses performances dans TO Live et dans Soulpepper Theatre’s ‘da Kink in My Hair.
Au cours d’une soirée arrosée à la vodka, Annabelle et Tessie se mettent au défi de se révéler et d’exposer leurs plus profondes vulnérabilités. Au fil de la soirée, une exquise alchimie émerge entre les deux, révélant par delà leurs différences, les similitudes de leurs conditions humaines et les dénominateurs communs à leurs histoires familiales douloureuses.
En dépit de l’inconfort d’Annabelle, qui met abruptement fin à la soirée, le rapprochement intime entre les deux femmes annonce la possibilité, suspendue dans l’air, d’un amour profond émergent…
Extraordinaire flexion d’esprit !
Abordant la genèse du film, Murry Peeters évoque sa rencontre avec Enuka Okuma qui a dès le départ manifesté un intérêt pour l’idée du film. « Enuka a exprimé une grande compréhension du personnage d’Annabelle et de l’histoire du film dans sa globalité », dit-elle, très ravie de cette première collaboration avec l’actrice chevronnée dont elle est fan depuis longtemps. Concernant le choix de Chelsea Russell, la réalisatrice note que lors de l’audition, l’actrice a été très convaincante dès le départ en démontrant avec brio qu’elle a toutes les qualités pour incarner le personnage très spécial de Tessie.
La jeune réalisatrice rappelle qu’au début son projet était de produire un long métrage autour d’une histoire d’amour assez légère, une comédie. « Mais, le cheminement de l’écriture a fait en sorte que l’histoire a pris une tournure beaucoup plus profonde », dit Murry Peeters en soulignant son intérêt pour les questions d’identité et les cheminements particuliers et fort inspirants des individus de la vie quotidienne dans leur quête d’eux-mêmes.
À souligner que cette scénariste et également actrice a été nominée aux prix WGC. Elle est récipiendaire du prix Magee TV Diverse Screenwriters 2018 et a participé au Netflix-Banff 2019 & 2020 Diversity of Voices. À son actif, des collaborations aux scénarios des séries The Parker-Anderson et Amelia Parker et sa participation comme actrice aux séries télévisées NBC’s TAKEN et SEE.
De son côté, Enuka Okuma affirme que c’était gratifiant pour elle de travailler sur le projet dans les coulisses en tant que productrice, en plus d’être actrice. « J’ai tellement appris et je me suis beaucoup investie, ayant collaboré au projet depuis ses débuts », dit-elle. Par ailleurs, elle évoque la paradoxale coïncidence qui a fait que pendant le tournage du court métrage, elle jouait aussi le personnage de Sloane Mitchell, une femme très forte et très puissante, dans la célébre série télévisée Workin’Moms. Deux rôles diamétralement opposés. « Le personnage d’Annabelle est tout le contraire de celui de Sloane. Elle est timide, peu sûre d’elle et ne se connaît pas très bien », note-t-elle. « C’était vraiment amusant de jouer les deux rôles en même temps. Aller entre ces deux personnages exigeait une hallucinante flexion d’esprit. C’était une sensation extraordinaire ! »
Enuka Okuma s’attarde aussi sur ce qui fait le défi propre à l’art du court métrage et qui consiste à transmettre avec une grande densité et en très peu de temps les informations essentielles pour comprendre les différentes facettes (intérieures et extérieures) des vies des personnages. « Toute la beauté de cet art est de savoir capturer et bien mettre en lumière le moment culminant de l’histoire qui mène vers un changement substantiel dans la trame et induit un tournant dans le rapport affectif entre le spectateur et les personnages. Et je pense que le court métrage de Murry fait exactement cela. »