Les jeunes électeurs, ceux de la cohorte des 18 à 24 ans, ont en mains l’avenir de deux politiciens qui font présentement face à l’électorat. Et, selon ce que ces électeurs décident de faire, le résultat pourrait s’avérer fort différent pour l’un et l’autre.
Les deux politiciens en question sont Jean Charest au Québec et Barack Obama aux États-Unis. Les deux se battent pour leur réélection. Ils le font dans un contexte difficile et, selon ce que nous apprennent les sondages, sont respectivement dans une course serrée. Si tant bien que leur sort se jouera fort probablement au fil d’arrivée.
Mais la survie électorale de ces deux politiciens reposent en très grande partie sur ce que feront les jeunes électeurs le jour du scrutin. Si ces jeunes électeurs décident de se prévaloir de leur droit démocratique en grand nombre, on aura droit à des résultats aux antipodes.
Commençons par la situation au Québec où Jean Charest convoite un quatrième mandat consécutif. Il s’y annonce une course à trois qui pourrait très bien résulter en un gouvernement minoritaire. C’est ce qui s’est passé la dernière fois que trois partis se sont chaudement disputés le pouvoir. Lors de cette élection, en 2007, les libéraux de Jean Charest ont obtenu une minorité en raison de la percée de l’Action Démocratique du Québec.
Toutefois, il y a un élément qui pourrait venir changer la donne et sceller le sort du gouvernement de Jean Charest. Il s’agit de ces électeurs âgés de 18 à 24 ans. Ces derniers pourraient donner au Parti québécois de Pauline Marois une majorité.
Toutefois, pour Jean Charest, si la tendance habituelle se maintient, ces jeunes ne participeront pas à cet exercice démocratique le 4 septembre prochain. Ce qui, faut-il l’avouer, ferait bien son affaire. En fait, le constat au Québec et ailleurs au pays est alarmant. Une étude menée sur la base des résultats de l’élection québécoise de 2008, qui a donné au Parti libéral sa majorité, indiquait que le taux de participation des 18-24 ans était un désastreux 36 pour cent.
Pour Jean Charest et son équipe c’est une tendance qui évidemment ne nuit pas. C’est que les jeunes électeurs, surtout chez les francophones, ont tendance à voter fortement pour le Parti québécois.
Si le mouvement de grève étudiante qui a fait tant de bruit au printemps dernier provoque le réveil politique des jeunes québécois, de toute évidence le Parti québécois en bénéficiera grandement. C’est l’élément qui jouera le plus grand rôle dans le résultat final.
C’est sans doute pourquoi on a fait grand état de l’arrivée comme candidat péquiste du jeune Léo Bureau-Blouin, la tête d’affiche du mouvement de contestation étudiante qui a mobilisé un grand nombre de jeunes le printemps dernier. Sa présence dans l’équipe du PQ fait certainement espérer que les jeunes électeurs passeront de la parole aux actes, eux qui ont démontré un dédain évident envers le Parti libéral.
Le même phénomène s’observe chez nos voisins américains. Mais là-bas, s’ils se rendent aux urnes, le chef de gouvernement en poste, Barack Obama, aura un avantage certain sur son adversaire républicain.
Le président Obama doit sa victoire de 2008 en grande partie aux jeunes électeurs. Avec un taux de participation estimé entre 50 et 54 pour cent, soit le deuxième plus haut taux de participation de l’histoire aux États-Unis, ces jeunes ont voté pour Obama dans une proportion de deux contre un.
Mais le taux de participation des jeunes en 2008 était un soubresaut aucunement représentatif de la tendance des jeunes envers cet exercice démocratique.
En fait, on dit de ce groupe qu’il est grandement déçu de la performance de l’actuel président. S’il en revient à son apathie habituelle envers le processus électoral et boude les urnes, Obama aura de la difficulté. C’est pourquoi on peut s’attendre à voir son équipe multiplier les efforts pour reprendre contact avec ce groupe avec une importance si stratégique.