Art urbain, entre tradition autochtone et modernité

Des galeries d'art à ciel ouvert | Photo par Jérémy André

Des galeries d’art à ciel ouvert | Photo par Jérémy André

Selon l’artiste allemand Joseph Beys, « tout le monde est un artiste ». D’autres érudits contemporains disaient également que « L’art est partout ».

Qu’en est-il alors, de Vancouver et de ses habitants ? Forte de ses contrastes, la ville côtière se métamorphose selon ses quartiers, et chaque endroit semble propice pour apprécier les différentes créations anonymes de la cité.

Art et culture, deux concepts liés

Dans son restaurant thaïlandais, Kim, 22 ans, raconte qu’une simple promenade sur les rebords d’English Bay ou une excursion à Stanley Park peut rapidement se transformer en une véritable visite de galerie d’art.

Que ce soient les imposantes statues Inuits ou encore les totems des premières nations, les traditions des tous premiers habitants restent ancrées au cœur même de la ville.

L’inukshuk, entre l’abstrait et le figuratif peut s’observer devant les bâtiments du centre-ville ou sur les plages. En 2010, il devint même le symbole officiel de la ville de Vancouver aux Jeux olympiques.

Kim attache une attention particulière à l’art natif car c’est un art « très expressif », qui dégage beaucoup d’émotion. Ce minimalisme permet de ressentir selon elle, l’hiver rude et les conditions de vie difficiles de ces populations.

Pour Jena, 42 ans, native de Vancouver qui apprécie également les totems colorés et détaillés de Stanley Park, ceux-ci représentent plus que de l’art à Vancouver ; ils font partie intégrante de la ville et sont les symboles mêmes de son histoire. « Plus que de l’art, ils représentent un devoir de mémoire et une volonté pour les habitants et la ville de se souvenir des tous premiers habitants du Canada ».

Amandine, jeune française expatriée fût, dès son arrivée, déroutée et surprise en remarquant la façon dont les statues sont implantées, « y compris devant les sièges de banques ou autres institutions ! ».

L’évolution de l’art au service de la pluralité

Que vous vous trouviez à Chinatown ou dans le centre-ville, boîtes aux lettres habillées de photographies, graffitis et autres trompes l’œil égayent les rues sur les divers supports urbains.

Pour Debbie, 52 ans, agente de sécurité au Vancouver Art Gallery, le fort caractère multiculturel se ressent à travers l’expression artistique sur les murs même de la ville.

Selon les quartiers où l’on se trouve, on peut retrouver une culture propre à chaque communauté, comme des tags à Chinatown propres à la culture asiatique. « Ils sont représentatifs du melting-pot et de la modernité de la ville. »

Bien qu’ils possèdent un caractère éphémère car ils peuvent disparaitre ou être recouverts, ils sont tout de même nombreux, et permettent à chaque anonyme de s’exprimer.

Kim apprécie ce caractère accessible et la découverte des œuvres dans son quotidien, quand elle ne s’y attend pas, contrairement aux musées où elle se rend spécifiquement pour cela. Cependant, elle regrette le manque d’espaces consacrés à l’expression des graffitis par la ville, comme des lieux dédiés qui encadreraient cette pratique. Ceux-ci permettraient d’empêcher les dérives des incivilités en encourageant les jeunes à se lancer, d’après elle.

Pour Kim « L’art fait partie du quotidien ici, il suffit d’ouvrir les yeux et d’y être ouvert pour pouvoir le contempler. »

Chaque personne est un artiste à sa manière, et peut, ne serait-ce que par une photographie, créer quelque chose d’intéressant. L’art est présent dans chaque recoin pour qui veut bien l’observer, et il y en a pour tous les goûts ici, à l’image de Vancouver : riche de ses traditions, en évolution constante et multiculturelle.

Habitants de Vancouver, ouvrez les yeux, vous pourriez y faire des découvertes surprenantes…